En voilà une qui n'avait pas froid aux yeux : Hélène Jégado, bretonne par naissance et empoisonneuse par vocation. Il faut la comprendre, bercée de légendes et de croyances dès le berceau, elle se convainc très tôt qu'elle est elle-même l'Ankou. L'Ankou, vous savez, ce personnage mythique et effrayant de la tradition bretonne, qui vient faucher les âmes avec sa charrette qui grince et ses chevaux efflanqués (On renverra les lecteurs intrigués à La légende de la mort d'Anatole Le Braz, authentique, passionnant et effrayant recensement des croyances celtiques liées à la mort). Une bonne connaissance de la flore morbihannaise, et le tour est joué. Le premier forfait commis, un sentiment d'omnipotence habite Hélène, qui ne peut plus s'arrêter. L'employée de maison va tuer, tuer, tuer. Mission facilitée par sa présence obligatoire en cuisine. Elle sillonnera la Bretagne dans tous les sens, car elle aura parfois besoin de se faire oublier. Mais au 19ème siècle, l'information ne circule pas au même rythme qu'aujourd'hui. Il faudra donc un nombre impressionnant de victimes aux profils variés avant que ne cesse le règne mortifère d'Hélène, sur la place du champ de Mars de Rennes.
Comme toujours, Jean Teulé signe un récit plaisant et simple, où se mélangent l'obscène, le drôle, le désespéré, avec cette fois une héroïne totalement désarçonnante à force d'amoralité.
Fleur de tonnerre, Jean Teulé. Pocket. 264 pages. 6, 20 €
Et pour la petite histoire, une adaptation cinématographique est en cours de réalisation, sous la direction de Stéphanie Pillonca-Kervern, avec à l'affiche, Albert Dupontel, Miou-Miou et Miossec notamment. A suivre...
Si vous êtes friands de nouvelles façons d'écrire, de styles différents, ce roman entre dans vos critères.
Du Canada puritain à la Californie, il n'y a qu'un trajet que la jeune Maria Cristina Väätonen va se décider à effectuer, adoubée discrètement par son finlandais et taiseux de père. Les études seront pour elle l'occasion rêvée de quitter les griffes d'une famille et d'une communautés peu portées sur la bienveillance où "ce qui était dit n'était jamais ce qui était prononcé". De s'affranchir de la culpabilité d'une soeur dont le cadran biologique est resté bloqué à l'adolescence.
Vous ne connaissez rien sur la vie des Sami, ce peuple d'éleveurs qui vivent sur un territoire couvrant une partie de la Suède, de la Finlande, de la Norvège et de la Russie ? Et bien, dans ces pays-là, non plus, on n'y connaît pas grand chose. De Stockholm à Kiruna ou Kautokeino, la distance est certes géographique, mais également culturelle. En Laponie, il existe même une police des rennes, dont la fonction est d'apaiser les conflits entre éleveurs : mélanges dans les troupeaux, vols de bêtes. Beaucoup plus rarement pour enquêter sur des homicides.
Le roman à huis-clos est sans aucun doute un exercice risqué. Cela n'a semble-t-il pas effrayé Jean-Philippe Blondel, qui campe ce texte dans une seule unité de lieu : le train Troyes-Paris de 6 H 41. Ces trains paupières lourdes du lundi matin, à l'ambiance si différente des wagons du dimanche soir, avec leurs lots de blues de fin de week-end. Ces trains où l'on dort, on feuillette, on pianote. Souvent seuls malgré la proximité évidente des voisins de sièges.
Croire aux miracles, c'est un brin audacieux. En tous cas un risque élevé de déception. Les personnages qui se retrouvent à "l'Atelier", un lieu de réinsertion censé revigorer les plus faibles avant de les remettre dans le grand bain de la vie, n'y croient pas trop, aux miracles. Ni à rien d'autre d'ailleurs.
Mais quel est ce truc insaisissable que maîtrise Cécile Coulon à la perfection pour créer une ambiance, une attente, une tension ? Comme dans