
Il erre dans les rues, en mode guetteur. A l'affût de la moindre castagne, il se drogue à l'envie de frapper, de faire peur. Toujours sur le qui-vive, que ce soit pour trouver ses victimes ou pour échapper à la vigilance de sa mère, s'échapper de l'appartement quand elle l'attend dans la cuisine avec l'espoir toujours vain de communiquer. Sur la volonté, la maîtrise de la situation, en toutes circonstances. Pour lui, frapper, c'est vivre. Tenir debout. Etre le plus fort. Dominer de toutes ses forces l'envie d'être aimé à un âge, l'adolescence, où cette aspiration dépasse souvent toutes les autres.
On est dans sa peau, à ce narrateur. Surtout qu'il nous embarque, s'adresse à nous en se parlant à lui. Evite le « je », comme pour esquiver toute possibilité d'introspection, d'explication de la violence gratuite. Peut-être aussi pour observer, de loin, le personnage terrible qu'il incarne.
Roman noir en mouvement perpétuel à travers les rues d'une adolescence tourmentée, Des poings dans le ventre, de Benjamin Desmares, s'inscrit aussi dans la lignée du roman initiatique, dans lesquels les rencontres ne sont pas plus fortuites que sans conséquence. Une lecture rapide, qui coupe le souffle, comme le ferait un poing dans le ventre.
Des poings dans le ventre, Benjamin Desmares.
Edition du Rouergue. 78 pages. 8, 70 €
A découvrir aussi, du même auteur : Cornichon Jim, Une histoire de sable.


Il paraît que les psys appellent ce phénomène la dissociation. Mon corps est un, la réalité est autre. Moyen de défense imparable contre les agressions irréparables. Dans sa ville froide et terne des Etats-Unis, Leïla a bien compris les avantages à tirer d'un tel fonctionnement. Et comme elle se pense vouée à un destin tragique, elle se laisse brûler à petits feux, sans jamais sentir la flamme.