Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

drogue

  • Trente ans et des poussières, Jay McInerney

    usa,argent,manhattan,réussite,drogue,couple

    Trente ans, le bel âge pour de jeunes loups de Manhattan. A la fin des années 80, Corinne et Russel symbolisent par leur couple la réussite made in New-York, entre Wall Street et les montages financiers du milieu de l'édition. Entre des journées de travail interminables, une représentation sociale permanente, une quête monétaire exponentielle, ils font vivre leur couple tant bien que mal, et se préoccupent des quelques amis qui ne font pas parmi de la nasse de prédateurs potentiels de leur entourage. Pour Russel, le meilleur moyen de ne pas se faire manger va être de devenir lui-même carnassier, tandis que Corinne devient de plus en plus perplexe sur ses activités de courtière en bourse. Autour d'eux, le caviar comme l'héroïne se consomment à la louche, et les visites dominicales aux camarades se font désormais parfois en centres de désintoxication.

    De cette Amérique des années 80, Jay McInerney livre un portrait très actuel et acide. Tellement actuel qu'on retrouve à deux reprises dans le roman (édité en 1992) le nom d'un sulfureux personnage devenu président des Etats-Unis fin 2016... Un portrait qu'il a composé sous forme de triptyque, avec La Belle Vie (2008) et Les jours enfuis (2017) pour conduire le lecteur jusqu'à l'Amérique du 11 septembre 2001.

    Trente ans et des poussières, Jay McInerney (USA). Points.

    576 pages. 8, 50 €

    Catégories : Littérature Américaine 0 commentaire
  • Le bruit de tes pas, Valentina d'Urbano

    003270956.jpg

    "Je suis née ici. Je n'ai pas connu d'autre endroit, je n'ai jamais été nulle part ailleurs. Mon père a été l'un des premiers squatters. A l'époque, il était jeune, enragé. Ici on agit vite, on enfante vite, on grandit vite et on meurt vite." C'est l'Italie des années de plomb. Une vie de quartier, avec pour uniques perspectives ses frontières. Le premier qui squatte un logement change la serrure, et occupe ensuite les lieux autant que possible pour ne pas être délogé. La jeune Bea passe tout son temps avec son voisin, Alfredo, que sa famille recueille à chaque fois que son père ivre le frappe avec un vrai désir de meurtre. Il trouve refuge dans cette maison où tout est plus apaisé, même si on se serre, même si on travaille dur.

    Et puis les enfants grandissent. Alfredo maigrit, au rythme de ses veines qui durcissent sous les coups des seringues. Bea observe, impuissante mais pas inactive. La relation fraternelle a fait place à autre chose, tandis que la poussière continue à inonder le béton du quartier. Et puis, bien sûr, un jour, la ligne d'équilibre se brise.

    Valentina d'Urbano nous fait entrer dans les appartements, dans l'ambiance d'une époque, le désarroi d'une situation. Dans les désirs contradictoires de Bea aussi, tirraillée entre le besoin de partir et les éléments qui la raccrochent au lieu. 

    Le bruit de tes pas, Valentina d'Urbano (Italie). Points. 312 pages.

    7, 20 €

    La toxicomanie en question, c'est aussi dans le roman de l'américaine Roxana Robinson, Jours toxiques.

    Catégories : Littérature Italienne 0 commentaire
  • Une famille anglaise, Helen Walsh

    angleterre,racisme,drogue,déterminisme,tragédiéComment décrire ce roman ? On pourrait, au jeu des comparaisons, le situer à mi-chemin entre L'assommoir de Zola et Trainspotting d'Irvine Welsh. Entre les tragédies grecques et une bande-son de The Cure. Une chose est sûre, Une famille anglaise n'est pas un roman léger, une comédie douce-amère. Non. Pas du tout.

    On est en 1975, Robbie est un jeune chanteur prometteur, mascotte d'un pub irlandais de Warrington, petite ville au nord de l'Angleterre. Un soir de bagarre, il s'est retrouvé aux Urgences et a fait la connaissance de Susheela, une jeune infirmière originaire de Kuala Lumpur. C'est le coup de foudre, le mariage, et l'arrivée de Vincent, le premier enfant du couple mixte. Mais l'élan et l'enthousiasme sont stoppés net un soir d'hiver, soirée terrible durant laquelle Susheela subit une atroce agression raciste, chez elle, alors qu'elle est sur le point d'accoucher de son deuxième enfant.

    A partir de ce moment, les personnages n'ont plus le ressort pour échapper au rouleau-compresseurr du déterminisme social, et un échec en appelle un autre. Puis chaque échec creuse l'incapacité à communiquer et l'incompréhension. Et au dehors, les prédateurs guettent les individus affaiblis. Ces prédateurs portent des Doc Martens, des blousons noirs et ont le crâne rasé. Les Skin Heads semblent faire la loi dans cette Angleterre des années 80. Autour d'eux, d'autres prédateurs, les gestes nerveux et fébriles, font commerce la nuit tombée d'héroïne et d'ectasy, tels des vautours.

    On se sent accablé, à la lecture de ce roman, par le poids de la fatalité et de la tragédie. Aucun espace n'est laissé à l'espoir. Ce qui n'empêche pas une poésie évidente, notamment à travers le personnage de Vincent, être maudit et magnifique qui aurait eu toute sa place dans une pièce de Sophocle.

    Une famille anglaise, Helen Walsh (Grande-Bretagne). J'ai lu. 539 pages. 8, 40 €

    Catégories : Littérature Britannique 0 commentaire
  • Le monde à l'endroit, Ron Rash

    51UMnhRzlPL._.jpg

    Etre jeune et subir les saisons et la culture délicate du tabac, en compagnie d'un père irascible, Travis le supporte de moins en moins bien. Quand il tombe sur quelques plants de cannabis à maturité en longeant la rivière lors d'une quête à la truite, il se dit qu'il suffirait de les ramasser et de les revendre, pour arrondir ses fins de mois ni vu ni connu. Sauf que les redoutables Toomey père et fils, qui ont quelques mois plus tôt semé les graines des psychotropes en puissance, ne l'entendent pas de cette oreille. La vengeance risquait d'être terrible. Pas de déception, elle le sera : les Toomey savent repérer le talon d'Achille de leurs ennemis...

    Heureusement, Travis fait la connaissance de Leonard, zonard érudit et dealer vivant dans un mobil-home en compagnie d'une faune humaine un peu disparate. Leonard, l'ancien prof mis sur la touche, le père déclassé, le mari rejeté. Il connaît un paquet de choses sur la guerre de Sécession et ses épisodes sanglants, qui fascinent Travis. Un nouvel élan va naître de cette rencontre, en Travis comme en Leonard. La question est bien sûr : pour combien de temps ?

    Le monde à l'endroit, c'est une oscillation permanente entre la tentation du conte de fées et le principe de réalité. Reste à savoir lequel des deux aura le dernier mot.

    Le monde à l'endroit, Ron Rash (Etats-Unis). Points. 320 pages. 7, 20 €

    Grands espaces, Etats-Unis, violence... Si Le monde à l'endroit vous parle, vous aimerez peut-être A Suspicious River, de Laura Kasischke, ou Sukkwan Island, de David Vann.

    Catégories : Littérature Américaine 1 commentaire
  • Jours toxiques, Roxana Robinson

    usa,drogue,héroïne,addiction,familleSi une chose n'est plus à prouver dans la littérature, de quelque nationalité que ce soit, c'est que le thème de la famille est omniprésent. Rarement sous des jours très positifs il faut bien l'avouer. Roxana Robinson s'engage elle aussi dans ce territoire, mais le mot "toxique" ne va pas chez elle de paire uniquement avec les relations intra-familiales, aussi compliquées soient-elles. Si les jours que l'on partage avec ses personnages, dans la vieille maison brinquebalante du Maine, sont toxiques, c'est avant tout au sens propre.

    Julia, la mère, Wendell, le père, se font empoisonner à feu lent par l'héroïnomanie de leur fils cadet, Jack. Steven, l'aîné, supporte de moins en moins les incartades de son frère. Un frère qui est devenu un autre, prêt à tout, et inconscient de l'être, pour pallier au manque morbide et intolérable. Mensonges, fugues, vols. Et pour chacun la grande remise en cause ; qu'ai-je fait ? que n'ai-je pas fait ? et surtout, que puis-je faire maintenant ? Même les grands-parents et la tante de Jack se retrouvent questionnés par les événements. 

    L'écriture de Roxana Robinson glisse insensiblement des pensées de Jack à celles des autres personnages, presque sans qu'on n'y prenne garde. Tous les raisonnements vacillent sous l'incompréhension et les questions obsédantes. Sauf ceux de Jack. Car Jack ne se pose pas de question. Il obéit à sa dépendance.

    Fascinant.

    Jours toxiques, Roxana Robinson (USA). 10/18. 589 pages. 9, 60 €

    Catégories : Littérature Américaine 0 commentaire