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écriture

  • La grâce des brigands, Véronique Ovaldé

    Canada, Californie, USA, famille, écritureDu Canada puritain à la Californie, il n'y a qu'un trajet que la jeune Maria Cristina Väätonen va se décider à effectuer, adoubée discrètement par son finlandais et taiseux de père. Les études seront pour elle l'occasion rêvée de quitter les griffes d'une famille et d'une communautés peu portées sur la bienveillance où "ce qui était dit n'était jamais ce qui était prononcé". De s'affranchir de la culpabilité d'une soeur dont le cadran biologique est resté bloqué à l'adolescence.

    Nous sommes dans les années 1970, à Los Angeles. Pour Maria Cristina, les occasions de s'émanciper sont partout, tout le temps. En devenant secrétaire particulière de Claramunt, sulfureux écrivain à forte tendance mégalo-mythomane, elle plonge dans un univers qu'elle ne soupçonnait pas. Pour garder les pieds sur terre, il y a la protection bienvenue de Joanne, sa colocataire fantasque. Et puis Judy Garland, ce chauffeur mystérieux. Ses rêves d'écriture se concrétisant, elle va rencontrer le succès, dépasser le maître Claramunt. Et puis un jour le téléphone sonne et signale que c'est l'heure des comptes, là-bas, à Lapérouse, Canada. Pendant qu'elle y était persona non grata, son père est mort. Sa soeur a eu un enfant avec un gourou pétri de mauvaises intentions. Et sa mère a vieilli. Beaucoup. 

    Mais l'absence n'a pas effacé les liens. Maria Cristina va devoir donner de sa personne. A son corps défendant d'abord. Puis avec évidence.

    Véronique Ovaldé confirme dans ce roman ses talents de conteuse (déjà bien présents dans Des vies d'oiseaux), à travers un mode de narration astucieux et une chronologie désaccordée. L'envie de savoir titille, tout au long du roman. Un état de grâce sans nul doute que cette lecture très recommandable.

    La grâce des brigands, Véronique Ovaldé (France). Points. 240 pages. 6, 90 €

    Ce roman fait partie de la sélection 2014 du Prix du meilleur roman des lecteurs de Points.

    Catégories : Littérature Française 0 commentaire
  • Cécile Coulon : "Travailler les phrases, le style, la patte"

    1964287_10152232447282342_618894390_n.jpgIl y a moins d'un an, Cécile Coulon répondait aux questions de Fais-moi les poches sur son roman Méfiez-vous des enfants sages. Le rire du grand blessé (Viviane Hamy) a compté parmi les sorties marquantes de la rentrée littéraire. Et voilà que Le roi n'a pas sommeil, à peine sorti en poche, est sélectionné pour le prix du meilleur roman des lecteurs des éditions Points. Un style qui lui est propre, âpre et réaliste, des ambiances singulières, voici quelques caractéristiques de l'écriture de Cécile Coulon. Elle nous révèle quelques-uns de ses "coins à champignons"...

    Fais-moi les poches - C'était déjà le cas dans Méfiez-vous des enfants sages, et on le retrouve dans Le roi n'a pas sommeil, vous créez des ambiances singulières. Quel est votre secret pour créer ce style, cette "patte", Cécile Coulon ?

    Cécile Coulon - Il paraît que ça ne se fait pas de révéler ses coins à champignons... Bon, disons qu'en fait, je visualise le texte, je construis les scènes comme s'il s'agissait d'un scénario, ou même d'un storyboard. De cette façon, j'ai une idée plus claire de l'ambiance du texte, ça me permet de travailler les phrases, le style, la "patte".

    FMLP - La sélection de Le roi n'a pas sommeil pour le prix du meilleur roman des lecteurs des éditions Points, c'est une surprise ? Savez-vous comment s'est faite cette sélection ?

    C. C - Oui, c'est une surprise, une bonne surprise. Et non je n'ai aucune idée de comment est faite cette sélection. Je sais en revanche qu'au final, ce sont des lecteurs et des libraires qui choisissent, non ?

    FMLP - Quand on est beaucoup sollicitée comme vous l'êtes par les médias, ce n'est pas trop difficile de continuer à écrire ?

    C. C - Je suis beaucoup sollicitée, mais pas sur une très longue période, c'est surtout au moment de la sortie de tel ou tel texte... Le reste du temps, je peux me consacrer à ce qui me plaît, sans avoir l'esprit ailleurs. Et quand on aime faire quelque chose, on trouve toujours le temps.

    FMLP - Quel genre d'ambiance nous réservez-vous pour le prochain roman ?

    C. C - Un texte plus long, avec plus de personnages, mais toujours le même style. Ce sera une histoire de revanche.

    Catégories : Livre, Rencontres 0 commentaire
  • De là, on voit la mer, Philippe Besson

    Italie, couple, écritureRevoilà Philippe Besson avec son style elliptique, tranchant et "durassien". Alors qu'on l'avait suivi jusqu'à Los Angeles dans Une bonne raison de se tuer, il nous propose ici des aller-retours entre Paris et Livourne, en Italie. Louise s'y retire pour écrire. Elle a besoin de cette distance, de cette solitude. François, son mari, l'a bien compris, depuis longtemps. Louise ne lui a jamais fait mystère de ses conditions : pour écrire, elle a besoin d'un contexte. Elle ne peut pas et ne souhaite pas transiger là-dessus. Elle ne rendra pas de compte car la nécessité de l'écriture est souveraine dans l'organisation de sa vie. 

    François est donc resté à Paris. Mais cette fois-ci, une tierce personne va occuper le premier rôle. C'est Luca, un très jeune homme du village, là-bas, en Italie. François aura beau exprimer sa détresse, par les mots et par les actes, Louise est un roc et continue à imposer ses conditions, vaille que vaille.

    Il est bien sûr beaucoup question de couples dans ce roman, mais par transparence, c'est la tyrannie de l'écriture qui signe sa présence.

    De là, on voit la mer, Philippe Besson (France). 10/18. 192 p. 7, 10 €

    L'année dernière, Philippe Besson répondait aux questions de Fais-moi les poches ! sur son roman Une bonne raison de se tuer, et sur l'écriture en général. Retrouvez cet entretien ici.

    Catégories : Littérature Française 0 commentaire
  • Carole Zalberg : "Mon outil est avant tout l'empathie"


    empathie,écriture,histoire familiale

    En écrivant A défaut d'Amérique, Carole Zalberg a entrepris un projet de grande envergure : un roman qui court sur plus d'un siècle, dans les remous et les cataclysmes de l'Histoire du XXème siècle. Dans ces turbulences, des êtres humains, des familles, des relations naissent et meurent. Sous la plume de Carole Zalberg, les événements prennent corps, les acteurs de l'Histoire ont un visage.


    Fais-moi les poches ! - Ecrire un roman qui se déroule sur plus d'un siècle, c'est un peu titanesque, ça ne fait pas un peu peur ? De quoi se nourrit cette écriture : témoignages, travail de recherche ?

    Carole Zalberg - Non, je n’ai pas été impressionnée pour la simple raison que je n’avais pas pour projet de couvrir le vingtième siècle. Comme toujours, je suis partie de quelques données et envies (la rencontre entre Adèle et Stanley, le voyage d’Adèle outre-atlantique un demi-siècle plus tard, l’envie d’explorer les effets des mouvements provoqués par les conflits, etc) et j’ai tiré sur le fil. Tout s’est imposé au fur et à mesure, y compris la construction. Bien sûr, j’ai fait quelques recherches. Juste assez pour ne pas commettre d’erreurs grossières mais pas trop : je n’aime pas que la documentation prenne le pas sur l’invention.


    FMLP - D'après vous, les traumatismes liés à l'Histoire peuvent-ils se résorber ou condamnent-ils irrémédiablement des familles ou des individus au malheur, même à travers les générations, comme peut le laisser penser le roman ?

    C. Z - Je n’ai pas de théories à ce sujet et, là encore, je me contente, de façon purement intuitive, d’imaginer des personnages et leur évolution. Mon “outil” est avant tout l’empathie. Ce que j’ai imaginé pour cette lignée de femmes, à mesure que je creusais, c’est un “mal” enkysté, ce sont des peurs métabolisées, transformées, que seul le temps - la vie qui s’écoule - permet d’évacuer.


    FMLP - Quel "rôle" joue exactement Suzan dans le scénario de votre roman ? Observatrice, rabat-joie, rattrapeuse de temps perdu... ?

    C. Z - Je crois que Suzan est tout cela à la fois. Elle rêve d’offrir à son père un dernier bonheur, est dépassée par ce qu’elle provoque et confrontée à ses propres limites et renoncements.


    FMLP - Et en ce moment, vous écrivez ?

    C. Z - Je suis davantage dans une phase de réécriture et de “mijotage” que d’écriture à proprement parler. J’ai retravaillé, pour le festival Livres à vous de Voiron, un roman inédit, “Entre autres” que les éditions Jérôme Millon publieront en tirage limité (c’est-à-dire confidentiel), relu les épreuves de Feu pour feu, mon roman à paraître en janvier chez Actes Sud, et je couve un prochain projet dont je ne peux encore parler mais qui me porte déjà alors même que je n’en ai pas écrit une ligne.


    Carole Zalberg est aussi l'auteure, entre autres, de La mère horizontale ; Et qu'on m'emporte, Albin Michel. Et en littérature jeunesse : Le jour où Lania est partie, Nathan ; Je suis un arbre, Actes Sud junior ; J'aime pas dire bonjour, Grasset jeunesse.
    Catégories : Livre, Rencontres 0 commentaire
  • Harold Cobert : écrire sur des sujets peu abordés : une obsession

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    Avec Dieu surfe au pays basque, Harold Cobert n'essaie pas de nous vendre un roman de vacances sur fond de crème solaire. Il s'attaque à un sujet difficile et peu traité : le traumatisme de la perte de l'enfant à naître. Objectif ambitieux et pari réussi pour Harold Cobert.

    Fais-moi les poches - Harold Cobert, en écrivant ce roman, aviez-vous bien conscience d'entrer sur un territoire vierge, un sujet peu ou pas abordé, a fortiori par des hommes, le thème de la fausse-couche ?

    Harold CobertOui, c’est d’ailleurs pour cela que j’ai eu envie d’écrire ce roman. Traiter d’une manière romanesque des sujets pas ou peu traités est chez moi une obsession, une ligne directrice qui se dégage de mes romans aux sujets en apparence si éloignés les uns des autres. La « génération sacrifiée » née dans la première moitié des années 70 (Le Reniement de Patrick Treboc), les SDF que l’on ne veut ni voir ni entendre (Un hiver avec Baudelaire), Mirabeau que l’Histoire et les historiens ont injustement bâillonné par l’oubli (L’Entrevue de Saint-Cloud), et ici, dans Dieu surfe au Pays basque, le père en devenir dont la construction est interrompue par la fausse-couche de sa femme et la perte de l’enfant à naître. J’aime mettre en lumière les zones d’ombre et donner la parole aux silences.

    FMLP- Quel genre de retours de lecteurs et lectrices avez-vous reçu après la publication de ce roman ?

    H.CDes retours bouleversants de femmes et d’hommes qui ont été confrontés à cette expérience malheureuse. Très récemment, une femme m’a écrit pour me dire que, suite à lecture de ce livre, son mari lui a parlé pour la première fois de ce qu’il avait ressenti lors d’une fausse-couche qu’elle avait faite par le passé. Ce roman a débâillonné son silence. Rien que pour eux, j’ai eu raison d’écrire cette histoire.

    FMLP- Pourquoi avoir choisi de ne pas nommer la femme du narrateur, de seulement utiliser l'expression "ma femme" pour l'évoquer ?

    H.CPour la même raison que le narrateur n’est jamais nommé : pour que, malgré la précisions des détails et les spécificités de cette histoire, chacun puisse investir l’un ou l’autre des deux personnages et trouver ainsi des échos qui résonnent avec sa propre vie.

    FMLP- Plusieurs références aux croyances religieuses se devinent dans le roman, entre refuge et capitulation... Et puis finalement Dieu apparaît dans le titre. Quel rôle joue-t-il exactement dans ce roman, dans cette trame ?

    H.CIl joue le rôle de Judas : de celui qui, quand on a vraiment besoin de lui, nous abandonne et nous laisse face au plus insupportable des silences. Mais Dieu, s’il existe, a fait l’homme libre, et a donc renoncé à toute ingérence dans son destin…

    FMLP- Et en ce moment, vous écrivez ?

    H.CBeaucoup ! J’ai trois scénarios de films et téléfilms en développement chez trois producteurs différents, un roman en chantier pour la très belle collection « Miroir » d’Amanda Sthers chez Plon, un autre roman en écriture, une série de six documentaires pour Arte, et d’autres projets dont j’attends confirmation ou infirmation… Bref, je n’ai pas le temps d’avoir des fourmis dans les doigts pour cause d’inactivité !!!

    Photo : © DAVID IGNASZEWSKI / KOBOY

    Harold Cobert est également l'auteur de Au nom du père, du fils et du rock'n roll ; L'entrevue de Saint-Cloud (Héloïse d'Ormesson) ;  Petite éloge du charme (Françoise Bourin), Un hiver avec Baudelaire ; Le rendez-vous manqué de Marie-Antoinette (Livre de poche) ; Le reniement de Patrick Treboc (Lattès)

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  • Caryl Férey : "Adepte du grand écart, tout est en place ! "

    écriture,cinéma,cannes,éditionCaryl Férey trempe habituellement sa plume dans l'encre noire du polar. Après Zulu (adapté au cinéma par Jérôme Salle et présenté cette année à Cannes !), Haka, Saga Maorie ou encore Mapuche, le voilà qui nous livre Comment devenir écrivain quand on vient de la grande plouquerie internationale. Un retour en humour sur le parcours du combattant de l'aspirant-écrivain.

    Fais-moi les poches ! - Alors Caryl Férey, vous êtes devenu héros ou persona non grata à Montfort-sur-Meu, promue capitale de la "plouquerie" grâce à vous ? Et dans les maisons d'édition ou boîtes de production télé que vous citez ?

    Caryl Férey - Je pense que les Montfortais auront saisi l'amicale dérision. Idem pour les maisons d'édition !

    FMLP - Dans votre roman, vous décrivez deux mondes sauvages : celui de l'enfance et de ses souffre-douleurs (vous, en l'occurrence) et celui de l'édition. Lequel est le pire selon vous ?

    C.F - En fait, ni l'un ni l'autre, ou les deux. Dans tous les cas, l'important est de suivre son chemin sans tenir compte des sens interdits.

    FMLP - La publication de votre premier roman grâce à la souscription de vos amis, des clients du bar dans lequel vous travailliez à Rennes, a lancé votre carrière à la fin des années 90. Une telle aventure serait-elle possible aujourd'hui, voire facilitée par la sphère numérique ?

    C.F - Oui, je pense que c'est même plus probable aujourd'hui avec internet et les projets qui vont avec - pour le meilleur et pour le pire.

    FMLP - L'adaptation de votre roman Zulu a été présentée hors-compétition à Cannes cette année ! Alors, Caryl Férey, vous en êtes où avec la plouquerie ?

    C. F - L'ironie du sort a voulu que "la plouquerie" sorte la même semaine à Cannes : adepte du grand écart, tout est en place.

    FMLP - Qu'écrivez-vous en ce moment ?

    C. F - J'écris mon prochain gros roman, qui se déroulera au Chili. Beaucoup de frustrations - pour le moment c'est nul.

    Caryl Férey est aussi l'auteur de Mapuche (Série noire Gallimard), Saga Maorie, ZuluHaka, La jambe gauche de Joe Stummer, Utu, D'amour et de dope fraîche (Le Poulpe) (Folio policier), Petit éloge de l'excès (Folio), Raclée de verts (Pocket)...

    Catégories : Livre, Rencontres 0 commentaire