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Littérature Britannique

  • Rebecca, Daphné du Maurier

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    Si Hitchcock a décidé d'adapter ce roman au cinéma en 1940, c'est que l'ambiance y est garantie étrange et fascinante à souhait. Voyez un peu : une jeune femme, dame de compagnie d'une richissime américaine, rencontre M. de Winter, un homme au frais veuvage, dans un hôtel de Monte Carlo. En quelques jours, la jeune femme accepte la proposition de mariage du Britannique, quitte son employeuse et après la lune de miel, part s'installer avec son mari dans sa somptueuse villa. Les domestiques les y attendent, mais réservent un accueil glacial à la nouvelle Mme de Winter. De pièces secrètes en chuchotements, la narratrice dessine au jour le jour la silhouette de l'ancienne propriétaire des lieux, morte mais étrangement omniprésente. Et trouve plus de questions que de réponses, face à un mari moins jovial que ne le laissait présager la rencontre.

    Un grand classique de la littérature, à découvrir ou redécouvrir absolument.

     

    Rebecca, Daphné du Maurier (Grande-Bretagne). Le livre de poche.

    640 pages. 8, 40 €

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  • La vie en sourdine, David Lodge

    vie en sourdine.jpgChaque âge a donc ses crises. Alors que j'évoquais récemment la crise de la trentaine, parlons aujourd'hui de son double : la crise de la soixantaine, objectivement plus compliquée. Car elle se révèle moins autocentrée, le ou la sexagénaire se retrouvant souvent au carrefour des générations : des enfants grands, certes, mais parfois pas hostiles à un petit coup de main, des petits enfants qu'il faut regarder grandir,  des parents âgés qu'il faut accompagner, un couple dans lequel il faut continuer d'entretenir la flamme.

    Pour Desmond, voilà, on y est. Il cumule plus ou moins toutes ces responsabilités. Heureusement pour lui, il est jeune retraité, mais il ajoute un niveau de difficulté dans son jeu par sa surdité. Un handicap qu'il doit compenser grâce à un appareillage efficace mais contraignant, remisant de toute manière toute velléité de conversation en groupe dans les voeux pieux. Il passe parfois pour un rustre, répond souvent à côté de la plaque, sourit poliment : sa vie est en sourdine. Marié à une femme plus jeune et friande de relations sociales, Desmond fait de son mieux, mais la solitude, ah la solitude, que ça lui fait du bien !

    En prise avec une étudiante américaine qui veut lui faire reprendre du service comme directeur de thèse, notre linguiste retraité doit aussi trouver des solutions pour son père vieillissant. Les événements se bousculent, et au milieu, une parenthèse étrange survient lors d'un voyage en Pologne.

    Humour, auto-dérision et gravité à parts égales dans ce roman de David Lodge, où petits défauts humains et grandes questions existentielles se côtoient sans complexe.

    La vie en sourdine, David Lodge (Grande-Bretagne)

    Rivages. 461 pages. 9, 50 €

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  • Auprès de l'assassin, Louis Sanders

    sanders.jpgMark et Jenny sont britanniques. Charmés par la Dordogne, ils décident de venir y tenter leur chance, et pour cela, de changer de vie. Maison vendue outre-Manche, enfant inscrit à l'école du village périgourdin, ils achètent une vieille demeure au bord de la rivière. L'idée, c'est de la rénover et de créer des gîtes. Mais entre la carte postale des jours de soleil et la réalité du quotidien, le fossé est plus large que la rivière qui serpente au fond du jardin.

    Au delà d'un nouveau départ à l'étranger, les citadins doivent s'adapter à la vie rurale, aux rideaux qui se soulèvent discrètement à leur passage, aux codes sans mode d'emploi, à la communication non verbale. Ils fournissent pour cela bon nombre d'efforts. Pourtant, le jour où la vieille voisine est retrouvée morte dans la rivière, tout va changer pour eux, et leur volonté d'intégration va voler en éclats.

    Satire sociale et roman noir, Auprès de l'assassin dégage une ambiance brumeuse et inquiétante.

    Auprès de l'assassin, Louis Sanders (Grande-Bretagne / France). Rivages. 174 pages. 7,50 €

    Catégories : Littérature Britannique, Roman noir 0 commentaire
  • Expo 58, Jonathan Coe

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    Jonathan Coe délocalise un de ses romans ! Nous quittons cette fois la Grande-Bretagne pour pointer le bout de notre nez à Bruxelles, en 1958. Nous admirons avec les personnages le tout neuf Atomium, conçu pour l'Exposition Universelle et symbole ultime de la modernité. Car c'est bien de modernité dont il est question lors de cette expo, où chaque pays a à coeur de se montrer en avance sur son voisin. En pleine guerre froide, les Soviétiques s'amusent des retards technologiques des représentants de l'ouest.

    Mais le temps d'une expo, Bruxelles est une vraie tour de Babel, où la géopolitique cède sa place aux amitiés internationales. A moins que ce ne soit une façon idyllique de voir les choses. Car les services secrets britanniques sont bien présents, à l'affût derrière le moindre bosquet avec un burlesque détonnant, les soviétiques sont dans les intrigues d'espionnage, certains personnages disparaissent subitement. Et pendant ce temps-là, Thomas Foley, le responsable du pavillon britannique, découvre une vie festive très éloignée de la morosité de sa routine londonienne. Une fois éloignée l'idée de construire un pavillon sur "une histoire des WC en Angleterre", le Foreign Office lui a confié la responsabilité d'un pub -symbole plus sémillant de l'identité britannique- le Britannia, qui rencontrera un franc succès.

    Questionnements sur le couple, la maturité, la modernité, la confrontation entre les cultures, parodie de roman d'espionnage avec des agents secrets un peu Dupond et Dupont, Expo 58 est un roman hétéroclite, auquel l'écriture caustique de Jonathan Coe apporte cette petite touche indéfinissable.

    Expo 58, Jonathan Coe (Grande-Bretagne). Folio. 358 p. 8 €

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  • Tony Hogan m'a payé un ice-cream soda avant de me piquer maman, Kerry Hudson

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    Allez hop, direction l'Ecosse, Aberdeen plus précisément. Ce sont les années 80, et une petite fille pointe son nez dans une famille modeste. Enfin, elle pointe son nez de façon imprévue, après la rencontre de sa mère avec un bel Américain évaporé après une escapade londonnienne qui a fait pschitt. Retour dans le nord pour la jeune mère, célibataire, sans emploi et aux prises avec une famille pour le moins pesante. La grand-mère ne vit que pour ses séances de bingo, Tonton Frankie tente de faire plaisir mais est abonné aux plans foireux. Ca picole, beaucoup, ça fume, toujours (mais nous sommes dans les années 80 après tout), et l'ambiance est huileuse en cuisine.

    L'originalité de ce roman de type autobiographique tient dans le fait que le récit à la première personne commence dès la naissance. Le bébé surveille, perçoit les gestes maladroits. Il apprend très tôt aussi à déceler les signes annonciateurs de la violence, du désespoir. Certes, le décor est sombre, la banlieue sordide, mais -apanage du regard enfantin ?- le recul et l'humour parviennent toujours à prendre leur place. La relation mère-fille évolue, au gré des rencontres plus ou moins malheureuses de la mère. Cette relation explose, expose, protège, dissimule, déçoit, rassure.

    Ce roman résolument social dépeint une époque, des lieux, des relations tout sauf rose-bonbon sans jamais atteindre le désespoir. C'est raconté comme un conte, avec beaucoup de fraîcheur.

    Tony Hogan m'a payé un ice-cream soda avant de me piquer ma maman, Kerry Hudson

    (Grande-Bretagne). 10/18. 

    336 pages. 8, 10 €

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  • Passé imparfait, Julian Fellowes

    passé imparfait.jpgVoilà, c'est officiel. Le dernier épisode de Downtown Abbey vient d'être diffusé en Grande-Bretagne, clôturant ainsi 6 saisons de plongée dans les derniers moments de grâce de l'aristocratie britannique. Cette immersion réussie dans les codes sociaux induits, subtils souvent, terriblement destructeurs parfois, et en perpétuelle adaptation aux mouvements du monde se referme ainsi, à l'aube des années 1930. Que les amateurs de la série se rassurent, Julian Fellowes, son créateur, nous livre avec le roman Passé imparfait des tranches de vie british fortement teintées de parfum downtownesque.

    Ici, l'époque est plus moderne, les années 2000 ont bien fait évoluer le royaume. Le narrateur, un homme âgé, se voit inviter par Damian Baxter, un ami perdu de vue depuis 40 ans, dans des circonstances semble-t-il tendues. Ce dernier, mourant, va lui confier une quête, remuant au passage les relents fétides ou joyeux d'un passé moins lisse qu'il ne pouvait paraître, dans ce milieu des aristocrates britanniques des années 60, où toute intrusion par des classes inférieures était encore impossible, et où la bonne morale ne pouvait en aucun cas faire défaut.

    Entre nostalgie et auto-critique virulente, on retrouve dans ce roman la description d'un milieu qui se pensait hors du temps, les rapports étanches entre classes sociales, les codes de bienséance totalement sous-entendus, la tyrannie de l'apparence, le casse-tête de l'argent qu'il faut réussir à gagner sans pour autant s'abaisser à travailler. Tous les thèmes de la série sont donc là, transposés 30 ans plus tard, avec quelques évolutions certes, et le pressentiment pressant que la fin de l'âge d'or ne tardera pas.

    Passé imparfait, Julian Fellowes (Grande-Bretagne). 10/18. 645 pages. 9, 60 € 


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  • En cas de forte chaleur, Maggie O'Farrell

    famille, grande bretagne, irlande, canicule"Un temps étrange génère des comportements étranges". Pour ce qui est de la canicule, on pourrait penser au légendaire "Fenêtre sur cour" de Hitchcock. Et on pourra désormais s'attarder sur ce roman de Maggie O'Farrell.

    Eté 1976. Une grande partie de l'Europe crève de chaud et de soif. Le centre de Londres fond littéralement, à l'image de ce goudron transformé en réglisse liquide. Des mesures drastiques sont prises pour éviter les gaspillages ou les vols d'eau. Les corps s'adaptent tant bien que mal, mais les repères évoluent, se confondent. La météo se détraque et avec elle certains comportements vont aussi sortir de la moyenne, de la norme.

    Chez les Riordan, famille irlandaise installée à Londres, c'est la stupéfaction : Robert, le père, a prélevé de l'argent sur son compte et a disparu. Aucun signe précurseur, aucune explication plausible, aucune confidence ne peut expliquer le geste de ce retraité paisible.

    Les trois enfants, éparpillés au quatre coins de Londres ou de New-York vont devoir, à leur corps défendant, se retrouver pour épauler leur mère et mener l'enquête. Pas facile de faire coexister l'enfance et la vie d'adulte, le passé et l'avenir, des personnes qui ont bien du mal à se supporter. Les quatre Riordan, auxquels s'ajoutent les nouvelles générations, vont pourtant faire des concessions, mettre leur vie entre parenthèses pour une durée indéterminée pour retrouver l'un des leurs. Et surtout comprendre cette disparition, dans laquelle les secrets du passé et des origines jouent bien sûr un rôle conséquent. C'est sur un ferry pour l'Irlande que l'aventure familiale se transforme en road-movie. La fraîcheur retrouvée, les pensées et les décisions semblent s'organiser avec plus de facilité pour chacun.

    Maggie O'Farrell avait déjà exploité avec brio les motifs du secret, du lien entre passé et présent et des relations familiales dans l'excellent Cette main qui a pris la mienne. En cas de forte chaleur apporte quant à lui, aussi bizarre que cela puisse paraître, beaucoup de fraîcheur, avec des portraits fins et nuancés et une escapade familiale pleine de tendresse. 

    En cas de forte chaleur, Maggie O'Farrell (Grande-Gretagne). 10/18. 357 pages. 8, 40 €

    A découvrir aussi : Cette main qui a pris la mienne

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