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Livre

  • Voyages en poche

    Et voici que, sans prévenir, les beaux jours arrivent, et avec eux les vacances, les envies de lecture et les razzias à la librairie, les grands départs. Bonne nouvelle, Fais-moi les poches vous aide à boucler votre valise. Voici une sélection de lectures, effectuée en fonction du lieu où se déroule l'action. Il est aussi possible de naviguer sur la carte du site, où vous trouverez les lectures qui vous tentent, simplement en baladant votre souris. Alors bons voyages, réels ou romanesques, et bel été à tous et à toutes !

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  • Gaëlle Josse : "La fragilité de ces moments où l'essentiel se noue"

    huis clos, russie, clichés, hasard, ellis islandFais-moi les poches avait déjà rencontré Gaëlle Josse pour Nos vies désaccordées, métaphore musicale sur les sentiments humains. Voilà qu'on la retrouve avec Noces de Neige, un huis-clos entre deux époques à bord d'un train pas comme les autres. L'occasion pour cette auteure généreuse de nous en dire plus sur l'écriture et ce qui la déclenche, les thèmes récurrents -conscients ou inconscients-, et les personnages qui prennent vie sur le papier.

    Fais-moi les poches : Gaëlle Josse, pourquoi ce lieu flottant qu'est le train comme trame de votre roman, et pourquoi celui-là précisément ?

    Gaëlle Josse : -Vous savez, ce n'est pas un choix conscient, délibéré au départ ! Lorsque j'ai découvert, à travers un reportage télévisé, la réouverture de cette ligne Moscou-Nice, en cinquante heure de voyage, deux nuits à bords, six ou sept pays traversés, partant sous la neige et arrivant sous les palmiers, ça m'a aussitôt fascinée, mais sans aucune arrière-pensée d'écriture.

    J'ai eu l'occasion d'aller à Nice quelques semaines plus tard (un signe ?) et je suis allée voir ce train au départ. Imaginez la chaleur niçoise, la découverte sur les panneaux de l'affichage Moscou à côté de Hyères, Aix, Marseille ou St Paul de Vence, les caractères cyrilliques sur le train, le personnel de bord en uniforme devant les wagons, les passagers qui s'interpellent en russe le long des quais... La nuit vient de tomber, et soudain ce train disparaît. Dans deux jours, il sera à Moscou....Qui prend ce train, pourquoi, que peut-il se passer pendant un tel voyage, tant de lenteur, d'arrêts, de paysages traversés, de pensées qui défilent, de vies qui se croisent....Parallèlement, j'ai redécouvert toute la liaison passionnée de l'aristocratie russe, jusqu'à la révolution d'octobre, avec la Côte d'Azur. L'idée ce de double voyage, hier et aujourd'hui, sur ce même parcours s'est installée aussitôt.

    Il est vrai qu'un tel huis-clos, unité de temps, de lieu, d'action comme toute tragédie qui se respecte ( !), est propice à l'exacerbation des sentiments, à la cristallisation des évènements, les personnages vont s'y révéler dans toute leur vérité, c'est ça qui m'intéresse avant tout. Les deux personnages principaux sont apparus très vite, ces deux jeunes femmes à la poursuite de leur destin, du sens de leur vie, qui font faire des choix déterminants, heureux ou tragiques, au cours de ce voyage. Et j'ai aimé détourner les clichés : les jeunes princesses ne sont pas forcément belles, et les jeunes russes qui arrivent à Nice ne sont pas toutes des prostituées...Et bien sûr, quel lien entre ces deux histoires, qui ne sont pas racontées par hasard ? Là aussi, la quête du sens d'une vie. Comme pour chacun de nous...

    FMLP- Sans révéler d'éléments essentiels sur votre roman, on peut dire que le hasard y joue un rôle important. C'était déjà le cas dans Nos vies désaccordées, où on retrouvait aussi les thèmes de la rencontre et de la fuite, ne tenant finalement qu'à un fil. Est-ce que ce sont des problématiques dont vous aviez conscience en prenant la plume ou se révèlent-elles ensuite, en constatant les points communs ?

    G. J - Le rôle du hasard dans nos parcours de vie, le geste ou la décision -ou leur absence- qui change tout, ces moments de bascule dont on ne prend conscience que bien plus tard, lorsqu'on relit sa vie...Oui, c'est quelque chose qui m'intéresse, et plus largement je dirais que c'est le sens de nos actes, de nos choix, de nos relations à l'autre. Ce qui dessine, détermine notre place dans le monde, finalement. La rencontre, on ne la choisit pas, mais on peut choisir quelle suite on veut lui donner, ce peut-être la fuite, salutaire ou source de remords, de culpabilité. Quelle est notre vraie, notre juste place dans ce monde ? Quelle est notre petite musique personnelle ? Comment nos actes nous en approchent ou nous en éloignent ? Vous avez raison, c'est quelque chose de présent dans mes livres, la fragilité de ces moments ou l'essentiel se noue, et aussi le regard porté sur autrui. Amour, hostilité ou indifférence, nous nous construisons aussi par ce regard, par l'amour donné ou refusé. J'avoue que je n'en ai pas conscience en écrivant, ce n'est qu'a postériori que je réalise combien je tourne autour de quelques obsessions, questionnements, et le plus souvent ce sont les lecteurs qui établissent ces rapprochements !

    FMLP - Votre dernier roman, Le dernier gardien d'Ellis Island, vient de sortir en grand format aux éditions Notabilia. Y retrouve-t-on ces thèmes qui vous sont chers ?

    G. J - Je crois bien que oui, à la lumière de votre question précédente ! C'est le récit d'une vie, par un homme, que j'ai imaginé être le « dernier gardien » de ce centre installé dans la baie de New York, qui a été le passage obligé d'une douzaine de millions d'immigrants venus d'Europe. Choc des cultures, déracinement, abandon d'une langue, d'un passé, pour que s'ouvre la Porte d'Or sur tous leurs espoirs... Et séisme amoureux, qui le conduira à toutes les transgressions... Là aussi c'est vrai, l'instant de la rencontre, de la collision devrai-je dire, les choix, les conséquences, les remords, les interdits... Un homme remonte le cours de sa vie, cherche à saisir le sens jusqu'à vertige.

    Je m'aperçois que ce sont les personnages qui m'intéressent avant tout, bien au-delà d'une histoire. J'aime les accompagner dans leur cheminement intérieur, leurs incertitudes, leurs errances, leurs éblouissements, et tenter de saisir leur moment de vérité avec eux-mêmes. C'est l'art du portrait en fin du compte qui me fascine le plus, faire surgir les reliefs, les ombres et les lumières de nos vies, les demi-teintes, approcher le mystère d'un être...Qu'est-ce qu'une vie en définitive ? Tant, et si peu de choses...

    FMLP - Peut-on dire que votre rythme d'écriture s'est accéléré ces dernières années ?

    G. J - Accéléré, je ne sais pas, j'ai l'impression d'écrire à mon rythme, lorsqu'une histoire vient s'imposer avec une force telle que je dois l'écrire. Il est vrai que cela fait quatre livres en quatre ans, mais je ne me suis jamais dit « il faudrait que je trouve une nouvelle idée » ! A chaque fois, c'est un moment particulier, un évènement, minuscule souvent, qui déclenche les choses en ouvrant des portes dans mon imaginaire. Il faut être percuté de façon personnelle, intime pour écrire, pour réaliser ce tissage entre une histoire, des personnages et un inconscient à l'œuvre qui va faire émerger l'essentiel. Sinon on fabrique juste un bouquin ! Et j'ai la belle surprise de voir les lecteurs au rendez-vous, c'est aussi un chemin qui se tisse avec eux, d'un livre à l'autre.

    FMLP - Une idée de roman germe-t-elle dans votre tête en ce moment ?

    G. J - Oui, je l'avoue ! Vous savez, entre le moment où l'on met le point final à un manuscrit et le moment où il sort en librairie, il se passe de longs mois. Un temps de jachère, de repos, de vide nécessaire, et puis au moment le plus inattendu, un sujet qui vient vous questionner, vous embarquer, et ne vous lâche plus. Alors on y va...

     Photo : Xavier Remongin

     

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  • Des poches dans la valise, quelques conseils pour un été de lecture !

    Nous avons tous un rapport particulier aux livres de nos vacances. On les choisit souvent pour se détendre. Au contraire, parfois, le temps libéré permet de se plonger dans des projets plus exigeants. Pour certains, le soleil permet de s'accorder une pause polar, l'odeur des huiles solaires fonctionnant aussi comme un écran au risque de la morbidité. D'autres auront des longs trajets, peu de place dans leurs bagages. Bref, il en faut pour tous les goûts, toutes les situations. Voilà un petit retour sur les nouveautés poche qui pourraient s'accorder avec l'été.

    Si vous prenez le train...

    Et que vous vous interrogez toujours sur l'identité de vos voisins, il faut absolument que vous ayez dans votre sac 06 h 41 de Jean-Philippe Blondel.

    Un petit tour en Bretagne ?

    Vous reniflerez vos crêpes à deux fois après avoir dévoré Fleur de Tonnerre, de Jean Teulé.

     

    En cas de canicule : opération coup de frais 41lx09bdeYL._.jpg

    Embarquez pour une croisière décapante dans le Spitzberg avec Anne B. Ragde, l'auteure de la trilogie des Neshov : Zona Frigida. On grince des dents... pas toujours à cause de la température.

    Partagez la vie des habitants du Groënland, avec Lisa, partie à la recherche de sa soeur disparue 28 ans plus tôt : Banquises, de Valentine Goby.

    Faites le tour de l'Islande au mois de décembre avec une trentenaire larguée et un enfant qui n'est pas le sien, entre rêve et humour : L'embellie, de Audur Ava Olafsdottir.

    Une superbe fresque historique et personnelle, entre Estonie et Finlande : Les vaches de Staline, Sofia Oksanen.

    Se laisser conter des histoires...

    été, valises

    C'est le talent incontestable de Véronique Ovaldé, chez qui même les brigands ont de la grâce : La grâce des brigands, Des vies d'oiseaux. Vous ouvrez les romans et vous vous laissez embarquer dans un univers.

    Et cap au nord avec l'indispensable saga familiale nordique : Cent ans, d'Herbjorg Wassmo.

    Au régime ?

    Optez pour La singulière tristesse du gâteau au citron. Une façon de parler de cuisine qui change vraiment de Top Chef...

    Un Paris-Brest sur la plage ? C'est plus que savoureux, sans prendre un gramme grâce à Tanguy Viel.

    Vous pouvez aussi opter pour la légèreté d'une Chouquette, avec Emilie Frèche. Sourire garanti.

    Un bon coup de pied dans la fourmilière !

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    Pas de renoncement aux idéaux sous le parasol ! De l'humour, de la spontanéité, de la révolte, de l'énergie, et le refus de la fatalité devant les haines du quotidien et la barbarie de l'extermisme : Jusque dans nos bras, Alice Zeniter. Un bijou !

     

    Les USA vus de France

    Le road trip américain est à l'honneur sous la plume d'un Français. Voyage sur le macadam, voyage initiatique : Et rester vivant, Jean-Philippe Blondel.

    Toujours sous une plume française, découvrez l'univers de Cécile Coulon, les USA des codes du cinéma et de l'imaginaire collectif : Méfiez-vous des enfants sages.

    Les USA à la veille de l'élection d'Obama : Une bonne raison de se tuer (oui, c'est vrai, le titre ne fait pas très vacances...), Philippe Besson.

    Trash...

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    Dans l'esprit Into the wild : Sukkwan Island de David Vann. De la solitude. Du froid. Et de la tension, beaucoup, beaucoup de tension. Ames sensibles, s'abstenir.

    Le monde à l'endroit, de Ron Rasch. Quand commerce de marijuana rime avec avalanche de dégâts... et découpage minutieux du tendon d'Achille...

    Sac de noeuds, suspense haletant et retournements de situationChasseur de têtes, JØ Nesbo. Où l'on se dit qu'être recruté vivant, c'est mieux...

     

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  • Olivier Truc : "Le polar, un prolongement naturel du journalisme"

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    Et voilà que le polar scandinave est annexé par un Français. Olivier Truc, installé à Stockholm depuis une vingtaine d'années, est d'abord journaliste. Correspondant en Scandinavie pour Le Monde et Le point, il connaît très bien les sujets de société propres à cette région. Il a décidé d'en faire un polar, Le dernier Lapon, un concentré de plusieurs facettes d'une société souvent montrée en modèle. Et il nous emmène bien évidemment au-delà des évidences.

     

    Fais-moi les poches - Olivier Truc, vous êtes journaliste et auteur. Vous avez souvent écrit pour la presse sur les Sami. Utiliser ce thème dans la toile de fond de votre roman, c'est aussi un moyen de communiquer sur la situation des Lapons, un sujet peu connu ?

    Olivier Truc - J’en avais l’envie depuis longtemps car je considère que la situation des Sami est trop mal connue, même dans les pays nordiques. Dans mes articles, j’ai souvent raconté le modèle scandinave, mais ce modèle, bien sûr, a ses faces cachées, moins reluisantes, et la situation des Sami illustre parfaitement la double morale qui peut sévir dans ces pays. J’ai cherché à incarner les thématiques que je voulais mettre en avant à travers des personnages afin de les rendre accessibles au plus grand nombre.

    FMLP - Le polar est-il selon vous un genre qui se prête davantage (que la presse, le livre documentaire ou le roman par exemple) à l'exposition de situations géopolitiques complexes ?

    O. T - D’abord, je dirais que le polar est un genre qui est un prolongement très naturel du journalisme, car il partage avec lui l’aspect investigation. Une démarche parallèle, avec, également en commun, un rôle de critique sociale. Ensuite, il est vrai que l’aspect roman permet de se libérer des contraintes des faits pour prendre certaines libertés avec la vérité pour la rendre plus intelligible, plus accessible, sans pour autant trahir l’esprit des situations complexes. L’important est je crois l’impression générale que le lecteur conserve en ayant refermé le livre.

    FMLP- Votre roman a-t-il été traduit en Suède ou dans un pays scandinave ?

    O.T - Le dernier Lapon est déjà sorti en Finlande et en Norvège, et il sortira bientôt au Danemark et en Suède.

    FMLP - En ce moment, écrivez-vous un nouveau roman ? O. T - J’ai fini en mars 2014 la suite du dernier Lapon. Le livre sortira en septembre 2014 toujours chez Métailié. J’ai attaqué le troisième tome, j’en suis aux prémices, à l’investigation, aux rencontres, aux voyages, toute cette partie du travail que j’adore.

    FMLP - Le dernier Lapon en film, c'est prévu ?

    O.T - Un producteur suédois a acheté une option sur le dernier Lapon et travaille sur le projet depuis un certain temps. Je garde la tête froide, beaucoup d’options ne se transforment jamais en films.

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  • Jean-Philippe Blondel : "Je voulais écrire sur la promiscuité obligatoire"

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    Jean-Philippe Blondel se ferait-il une spécialité des "road trip" ? Dans son précédent roman, un personnage très nettement autobiographique parcourait les routes des Etats-Unis pour fuir une tragédie. Dans 06 h 41, les pensées des personnages vont vite, très vite, à la vitesse du TER dans lequel ils sont embarqués, dans le matin blême. Un huis-clos absolument réussi et jubilatoire. Jean-Philippe revient ici sur son écriture.

     

    Fais-moi les poches - Une idée de roman pareille, avec une unité de lieu très resserrée, ça vient comment ?

    Jean-Philippe Blondel - Ca vient surtout quand on prend le TER régulièrement et qu'on laisse ses pensées vagabonder. Cet espace clos avec déplacement géographique est propice à la rêverie et au bilan -cela faisait très longtemps que je voulais écrire sur un voyage en train - et sur la promiscuité obligatoire.

    FMLP- Les envolées pensives de vos personnages vous permettent des moments d'écriture qui semblent assez jubilatoires (en tous cas, ils le sont à la lecture !). Le personnage de Philippe exprime quelques pensées peu politiquement correctes sur la génération de ses parents, par exemple. C'est cynique, et drôle à la fois. Vous n'allez pas me dire que derrière les pensées de Philippe et de Cécile ne se cachent pas un peu les vôtres ?

    J.P. B - Jubilatoire, c'est le mot - le roman a été un bonheur d'écriture, tout était très fluide.. Maintenant, je me suis mis dans la peau des deux personnages, et j'ai tenté de voir comment ils pouvaient percevoir le monde, donc toutes leurs pensées ne sont pas les miennes (heureusement !), d'autant que je n'ai aucune expérience concernant les parents vieillissants... (Lire à ce sujet la chronique sur Et rester vivant, paru en 2013 en poche, et l'entretien avec Jean-Philippe Blondel)

    FMLP - Est-ce vrai que vous avez laissé un exemplaire de 06 h 41 dans le train Troyes-Paris de 06 h 41 qui est le cadre du roman ?

    J.P. B - Oui, bien sûr - je trouvais la mise en abyme très amusante... Je ne sais pas qui l'a trouvé...

    FMLP - En ce moment, vous écrivez ?

    J.P. B - De toute façon, j'écris tous les jours. En janvier 2015 paraitra chez Buchet-Chastel un roman intitulé Un hiver à Paris qui m'a arraché les tripes - et là, je travaille sur ce qui viendra ensuite, mais je garde le secret pour le moment car je ne sais pas exactement où je vais...

     

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  • Valérie Tong Cuong : "Mes personnages m'habitent et ne me lâchent plus"

    10148156_10152290139082103_479820161_o.jpgAvec L'atelier des miracles, Valérie Tong Cuong signe un roman de rencontres et de ruptures. Avec sa disponibilité légendaire, elle a accepté de répondre une nouvelle fois aux questions de Fais-moi les poches ! sur ses personnages et les équilibres délicats à préserver pour en faire des êtres crédibles.

    Fais-moi les poches - Vous écrivez un roman frais et enthousiaste, sans tomber dans les bons sentiments et les happy end faciles. Cela ne doit pas être un équilibre évident à trouver. Comment avez-vous fait ?

    Valérie Tong Cuong - J’essaie de porter un regard réaliste sur la vie. Tout n’est pas rose, mais il existe presque toujours une issue et c’est ce qui m’intéresse : la manière dont on avance, les chemins à parcourir, les ressources de chacun, sans nier ou minimiser les obstacles, les coups ou les difficultés à gérer.

    FMLP - Aucun de vos personnages n'a qu'une seule facette, ce qui en fait des personnages hautement crédibles ! Vous avez une recette pour leur donner naissance, vous leur attribuez des "cartes d'identité", comment faites-vous ?

    V.T.C - Là encore, ils sont réalistes. Personne n’est monolithique. Nous avons tous nos mauvais et nos bons côtés, qui s’expriment dans différents contextes ou à différents moments de notre vie. Ce qui compte, c’est notre manière de les faire évoluer. Pour ce qui concerne mes personnages, ils surgissent en moi sans prévenir, puis m’habitent et ne me lâchent plus ! Mais il est évident que mon inconscient a travaillé… Parfois, il arrive que je m’accorde un peu de temps spécifiquement avec l’un ou l’autre, nous entamons une sorte de dialogue muet, qui me permet de mieux les connaître.

    FMLP - L'ardoise magique, votre précédent roman, posait déjà l'abandon et l'entraide un peu inespérée en personnages principaux. Le thème de l'exclusion est important pour vous ?

    V.T.C - Disons plutôt, une certaine forme de solitude qui peut être tout à fait invisible. Beaucoup d’entre nous (peut-être tous) ont traversé des périodes durant lesquelles ils avaient le sentiment d’être « satellisés », d’échouer à faire comprendre ce qu’ils ressentaient. On renonce à tenter d’expliquer à l’autre, on ne trouve même pas les mots pour soi-même... souvent la faute en revient aux blessures non soignées qui saignent à nouveau à l’occasion d’un événement, d’un incident déclencheur.

    FMLP - Qu'écrivez-vous en ce moment ?

    V.T.C - Je travaille sur un nouveau roman, mais j’ai pour habitude de ne rien dire jusqu’à la sortie. C’est une manière de profiter d’une certaine intimité avec mes personnages.

    Retrouvez également sur la chronique sur L'ardoise magique et un entretien avec Valérie Tong Cuong au sujet de ce précédent roman, où elle évoque la puissance de l'inconscient.

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  • Cécile Coulon : "Travailler les phrases, le style, la patte"

    1964287_10152232447282342_618894390_n.jpgIl y a moins d'un an, Cécile Coulon répondait aux questions de Fais-moi les poches sur son roman Méfiez-vous des enfants sages. Le rire du grand blessé (Viviane Hamy) a compté parmi les sorties marquantes de la rentrée littéraire. Et voilà que Le roi n'a pas sommeil, à peine sorti en poche, est sélectionné pour le prix du meilleur roman des lecteurs des éditions Points. Un style qui lui est propre, âpre et réaliste, des ambiances singulières, voici quelques caractéristiques de l'écriture de Cécile Coulon. Elle nous révèle quelques-uns de ses "coins à champignons"...

    Fais-moi les poches - C'était déjà le cas dans Méfiez-vous des enfants sages, et on le retrouve dans Le roi n'a pas sommeil, vous créez des ambiances singulières. Quel est votre secret pour créer ce style, cette "patte", Cécile Coulon ?

    Cécile Coulon - Il paraît que ça ne se fait pas de révéler ses coins à champignons... Bon, disons qu'en fait, je visualise le texte, je construis les scènes comme s'il s'agissait d'un scénario, ou même d'un storyboard. De cette façon, j'ai une idée plus claire de l'ambiance du texte, ça me permet de travailler les phrases, le style, la "patte".

    FMLP - La sélection de Le roi n'a pas sommeil pour le prix du meilleur roman des lecteurs des éditions Points, c'est une surprise ? Savez-vous comment s'est faite cette sélection ?

    C. C - Oui, c'est une surprise, une bonne surprise. Et non je n'ai aucune idée de comment est faite cette sélection. Je sais en revanche qu'au final, ce sont des lecteurs et des libraires qui choisissent, non ?

    FMLP - Quand on est beaucoup sollicitée comme vous l'êtes par les médias, ce n'est pas trop difficile de continuer à écrire ?

    C. C - Je suis beaucoup sollicitée, mais pas sur une très longue période, c'est surtout au moment de la sortie de tel ou tel texte... Le reste du temps, je peux me consacrer à ce qui me plaît, sans avoir l'esprit ailleurs. Et quand on aime faire quelque chose, on trouve toujours le temps.

    FMLP - Quel genre d'ambiance nous réservez-vous pour le prochain roman ?

    C. C - Un texte plus long, avec plus de personnages, mais toujours le même style. Ce sera une histoire de revanche.

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