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guerre

  • L'autre moitié du soleil, Chimamanda Ngozi Adichie

    guerre,famille

    Dans le Nigeria des années 60, la vie intellectuelle bouillonne dans une classe supérieure avide de débats. C'est dans ce décor que l'on fait la connaissance d'Olanna, fille d'un riche industriel, et de sa sœur jumelle, Kainene. L'une vit avec Odenigbo, un universitaire très soucieux du devenir de son pays et des liens avec l'Occident, l'autre partage sa vie avec Richard, un journaliste britannique imprégné de la culture locale. Témoin de leur quotidien, mais avec le regard d'une autre classe sociale, le jeune et inexperimenté Ugwu a quitté son village pour servir Odenigbo.

    Une famille dans son époque. Mais pas n'importe laquelle. Une époque qui va être très secouée par les événements. Les tensions ethniques se renforcent et vont amener à la création d'un état indépendant du Nigéria : le Biafra.

    Et c'est l'installation progressive de l'état de paix à l'état de guerre que suit ce roman. Le déplacement du seuil de la normalité, des priorités, la banalisation d'un quotidien fait de bunkers, d'enrôlements de force, de bombardements, d'éxécutions, de perte de vue des proches, de marché noir, d'humiliations, de viols. Olanna, Kaienene, Ugwu : le lecteur est tous ces personnages à la fois. Des personnages que rien n'avait préparé à ça.

    Fresque magistrale, L'autre moitié du soleil est une immersion romanesque et un récit-témoignage édifiant.

    L'autre moitié du soleil, Chimamanda Ngozi Adichie (Nigéria).

    672 pages. 10, 80 €

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  • Retour à Killybegs, Sorj Chalandon

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    Lorsqu'ils sont douloureux, les parcours reviennent longtemps après hanter ceux qui les ont vécus. L'Irlande du 20ème siècle est toute entière une terre de douleur. Loyalistes, indépendantistes, terroristes, services secrets, attentats, exils, frontières, ségrégation, fatalisme, combat, grèves de la faim, révoltes de prisonnier, torture. Tous ces mots se mêlent pour former le destin de l'Irlande, scindée en deux pays, criblée de frontières, de trottoirs des uns en face des trottoirs des autres.

    C'est à travers le personnage de Tyrone Meehan que Sorj Chalandon nous offre le grand plongeon dans la tourmente irlandaise. Cet activiste de l'IRA qui, un jour, n'a eu d'autre choix que de trahir sa cause, et qui l'avoue publiquement une trentaine d'années plus tard, signant ainsi son arrêt de mort volontaire, bien après le dépôt des armes.

    C'est un conflit si frais que les faits paraissent totalement incroyables, et ces rappels de Sorj Chalandon, dont le parcours journalistique a suivi en détails le conflit irlandais, sont salutaires. Rappels d'une histoire riche et complexe, aux enjeux encore très vifs, et rappels de la difficulté de vivre en empruntant des chemins tracés d'avance dans un contexte torturé et sanglant.

    Retour à Killybegs, Sorj Chalandon (France). Le Livre de poche.

    332 pages. 7, 30 € 

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  • Petit Pays, Gaël Faye

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    C'est un petit pays, enclavé entre le Rwanda, la Tanzanie et la République du Congo. Un petit pays qui s'appelle le Burundi. On y croise des noirs, des blancs expatriés, des hutus, des tutsis, des réfugiés rwandais, des enfants métis. C'est le cas de Gabriel, une dizaine d'année. Enfant d'une mère rwandaise, réfugiée au Burundi, et d'un père français. Né dans les années 70, il connaît une enfance plutôt insouciante, dans l'impasse où il vit, accompagné de ses bons copains, toujours en vadrouille, se régalant de mangues juteuses.

    Mais un jour, l'ambiance change dans le pays. Ce sont les toutes premières élections qui s'annoncent, et la population se mobilise en masse. Comment comprendre, avec des yeux d'enfant, que la vie paisible va s'arrêter là, que le génocide qui fait rage, déjà, au Rwanda, va contaminer son quotidien, anéantir l'innocence de son impasse, de son terrain de jeu, assassiner sa famille, faire perdre la raison à sa mère, imposer l'atrocité ?

    Petit Pays, c'est un récit d'enfance des plus classiques, empreint de nostalgie. A cela près que l'enfance disparaît devant la folie tueuse des hommes, la peur au quotidien et pour toujours. Petit Pays, c'est aussi une immersion dans cette période incompréhensible du génocide rwandais. Petit Pays, c'est enfin un texte d'une grande beauté. Les lycéens ne s'y sont pas trompés, en attribuant à Gaël Faye (par ailleurs auteur-compositeur de très grand talent) leur Prix Goncourt cette année.

    Petit Pays, Gaël Faye (France-Rwanda). Le livre de poche.

    220 pages. 7, 10 €


     

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  • La chaise numéro 14, Fabienne Juhel

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    Comme des milliers de femmes, Maria subit en cet été 1945 l'humiliation publique : la tonte de la traîtresse qu'elle est supposée être, pour avoir entretenu une relation  avec un officier allemand. C'était la guerre, à Saint-Brieuc, et ce client régulier de l'auberge de son père est devenu son amant.

    Placée sur une chaise de bistrot -la chaise numéro 14- devant le restaurant familial, en proie aux insultes d'inconnus, mais aussi de ses voisins, de ses anciens camarades de classe et même d'un ancien amoureux dont les motivations sont troubles, elle subit les coups de ciseaux d'un coiffeur réquisitionné pour cette tâche qu'il ne ressent aucun plaisir à accomplir. Un autre dessine une croix gammée sur son crâne devenu chauve. Au sol, ses longs cheveux roux captent la lumière. Dans la foule captive, des soldats américains.

    Maria restera calme. Mais avec patience et obstination, elle fera changer de camp la honte, poursuivra ses agresseurs, démontrera de quel côté se situe l'indignité.

    Un roman historique plein de tension, où l'on rencontre Louis Guilloux en ambassadeur des valeurs humaines.

    La chaise numéro 14, Fabienne Juhel. Babel. 8, 50 € 

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  • A défaut d'Amérique, Carole Zalberg

    histoire familiale,juif,usa,guerreQue voyons-nous à part quelques pelletées de terre quand nous enterrons nos grands-parents, nos arrières grands-parents ? De vieilles personnes, fatiguées, usées, apaisées qui ont enfin trouvé le repos. Difficile de les imaginer jeunes, amoureux, fougueux. Difficile même de les imaginer dans le tourbillon de l'Histoire : tranchées, déportation, immigration, pogroms, Algérie. Fantômes aux yeux hagards dans le hall de l'hôtel Lutetia.

    Puisque les grands traumatismes de l'Histoire donnent naissance à des silences sans fin, nous ne parvenons pas à imaginer nos vieux dans leurs jeunes années. A défaut d'Amérique est un roman qui débute justement par un enterrement, celui d'Adèle. Une très vieille femme donc. Juive. Qui aura retrouvé quelques années avant sa mort Stanley, le soldat américain rencontré dans les rues de Paris à la Libération. Et à cet enterrement, une présence étrange, celle de Suzan, la fille de l'Américain.

    Alors on reprend tout depuis le début, l'histoire de l'Europe depuis les premiers jours du XXème siècle. Tous ces événements dont on connaît les noms en oubliant parfois de les incarner, de leur donner des visages. Se dessine ainsi l'histoire de deux familles, chacune d'un côté de l'Atlantique, chacune résumant un siècle fou. 

    Carole Zalberg nous prend avec elle, de Vilnius à la rue de Beaubourg, de Palm Beach à l'Afrique du sud, des pogroms aux tours jumelles. Avec ces femmes et leurs familles, acteurs et victimes d'un siècle qui donne le tournis. L'Histoire prend grâce à elle des visages attachants et on peine à abandonner A défaut d'Amérique.

    A défaut d'Amérique, Carole Zalberg (France). Babel. 240 pages. 7, 70 €

    Ecrire sur plus d'un siècle d'Histoire : un projet titanesque ? Retrouvez les réponses de Carole Zalberg dans l'entretien qu'elle a accordé à Fais-moi les poches !

    Catégories : Livre 0 commentaire