En voilà une qui n'avait pas froid aux yeux : Hélène Jégado, bretonne par naissance et empoisonneuse par vocation. Il faut la comprendre, bercée de légendes et de croyances dès le berceau, elle se convainc très tôt qu'elle est elle-même l'Ankou. L'Ankou, vous savez, ce personnage mythique et effrayant de la tradition bretonne, qui vient faucher les âmes avec sa charrette qui grince et ses chevaux efflanqués (On renverra les lecteurs intrigués à La légende de la mort d'Anatole Le Braz, authentique, passionnant et effrayant recensement des croyances celtiques liées à la mort). Une bonne connaissance de la flore morbihannaise, et le tour est joué. Le premier forfait commis, un sentiment d'omnipotence habite Hélène, qui ne peut plus s'arrêter. L'employée de maison va tuer, tuer, tuer. Mission facilitée par sa présence obligatoire en cuisine. Elle sillonnera la Bretagne dans tous les sens, car elle aura parfois besoin de se faire oublier. Mais au 19ème siècle, l'information ne circule pas au même rythme qu'aujourd'hui. Il faudra donc un nombre impressionnant de victimes aux profils variés avant que ne cesse le règne mortifère d'Hélène, sur la place du champ de Mars de Rennes.
Comme toujours, Jean Teulé signe un récit plaisant et simple, où se mélangent l'obscène, le drôle, le désespéré, avec cette fois une héroïne totalement désarçonnante à force d'amoralité.
Fleur de tonnerre, Jean Teulé. Pocket. 264 pages. 6, 20 €
Et pour la petite histoire, une adaptation cinématographique est en cours de réalisation, sous la direction de Stéphanie Pillonca-Kervern, avec à l'affiche, Albert Dupontel, Miou-Miou et Miossec notamment. A suivre...