Avec L'atelier des miracles, Valérie Tong Cuong signe un roman de rencontres et de ruptures. Avec sa disponibilité légendaire, elle a accepté de répondre une nouvelle fois aux questions de Fais-moi les poches ! sur ses personnages et les équilibres délicats à préserver pour en faire des êtres crédibles.
Fais-moi les poches - Vous écrivez un roman frais et enthousiaste, sans tomber dans les bons sentiments et les happy end faciles. Cela ne doit pas être un équilibre évident à trouver. Comment avez-vous fait ?
Valérie Tong Cuong - J’essaie de porter un regard réaliste sur la vie. Tout n’est pas rose, mais il existe presque toujours une issue et c’est ce qui m’intéresse : la manière dont on avance, les chemins à parcourir, les ressources de chacun, sans nier ou minimiser les obstacles, les coups ou les difficultés à gérer.
FMLP - Aucun de vos personnages n'a qu'une seule facette, ce qui en fait des personnages hautement crédibles ! Vous avez une recette pour leur donner naissance, vous leur attribuez des "cartes d'identité", comment faites-vous ?
V.T.C - Là encore, ils sont réalistes. Personne n’est monolithique. Nous avons tous nos mauvais et nos bons côtés, qui s’expriment dans différents contextes ou à différents moments de notre vie. Ce qui compte, c’est notre manière de les faire évoluer. Pour ce qui concerne mes personnages, ils surgissent en moi sans prévenir, puis m’habitent et ne me lâchent plus ! Mais il est évident que mon inconscient a travaillé… Parfois, il arrive que je m’accorde un peu de temps spécifiquement avec l’un ou l’autre, nous entamons une sorte de dialogue muet, qui me permet de mieux les connaître.
FMLP - L'ardoise magique, votre précédent roman, posait déjà l'abandon et l'entraide un peu inespérée en personnages principaux. Le thème de l'exclusion est important pour vous ?
V.T.C - Disons plutôt, une certaine forme de solitude qui peut être tout à fait invisible. Beaucoup d’entre nous (peut-être tous) ont traversé des périodes durant lesquelles ils avaient le sentiment d’être « satellisés », d’échouer à faire comprendre ce qu’ils ressentaient. On renonce à tenter d’expliquer à l’autre, on ne trouve même pas les mots pour soi-même... souvent la faute en revient aux blessures non soignées qui saignent à nouveau à l’occasion d’un événement, d’un incident déclencheur.
FMLP - Qu'écrivez-vous en ce moment ?
V.T.C - Je travaille sur un nouveau roman, mais j’ai pour habitude de ne rien dire jusqu’à la sortie. C’est une manière de profiter d’une certaine intimité avec mes personnages.
Retrouvez également sur la chronique sur L'ardoise magique et un entretien avec Valérie Tong Cuong au sujet de ce précédent roman, où elle évoque la puissance de l'inconscient.