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racisme

  • La Rose dans le bus jaune, Eugène Ebodé

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    Il ne fait pas bon être noir à Montgomery, Alabama, en 1955, et le nom de Rosa Parks est là pour nous le rappeler. Elle a 42 ans, ce jour de décembre, quand elle refuse de céder sa place dans le bus à un homme blanc. Geste hautement politique dans les USA ségrégationnistes, démarche illégale qui mène tout droit au commissariat. Ce jour-là, Rosa Parks n'avait pas de plan, elle était simplement fatiguée. De sa journée, comme de ces lois iniques. Elle n'était pas la première à se montrer frondeuse. Mais cette fois-là, les choses vont prendre une ampleur inédite.

    Prenant les blancs là où ça fait mal, les militants pour les droits civiques, parmi lesquels on retrouve Martin Luther King, organisent un boycott des bus qui prend une ampleur considérable, au point de faire vaciller l'économie locale. Les noirs marchent, marchent, marchent. Par centaines, par milliers, des semaines durant. Et organisent leur propre système de transports en commun. Et tout cela n'a rien d'une contestation anodine, quand la fureur du Ku Klux Klan prend pour visage les pendaisons, les incendies volontaires, les colis piégés, les attentats à la voiture folle.

    Eugène Ebodé a choisi de faire de Rosa Parks la narratrice de sa propre histoire dans ce roman passionnant, où l'on lit les grandes dates et les décisions historiques, comme les doutes et les fragilités d'une femme militante d'une cause à la portée vertigineuse.

    La Rose dans le bus jaune, Eugène Ebodé (France). Folio.

    378 pages. 7, 70 €

    Catégories : Littérature Française 0 commentaire
  • Une famille anglaise, Helen Walsh

    angleterre,racisme,drogue,déterminisme,tragédiéComment décrire ce roman ? On pourrait, au jeu des comparaisons, le situer à mi-chemin entre L'assommoir de Zola et Trainspotting d'Irvine Welsh. Entre les tragédies grecques et une bande-son de The Cure. Une chose est sûre, Une famille anglaise n'est pas un roman léger, une comédie douce-amère. Non. Pas du tout.

    On est en 1975, Robbie est un jeune chanteur prometteur, mascotte d'un pub irlandais de Warrington, petite ville au nord de l'Angleterre. Un soir de bagarre, il s'est retrouvé aux Urgences et a fait la connaissance de Susheela, une jeune infirmière originaire de Kuala Lumpur. C'est le coup de foudre, le mariage, et l'arrivée de Vincent, le premier enfant du couple mixte. Mais l'élan et l'enthousiasme sont stoppés net un soir d'hiver, soirée terrible durant laquelle Susheela subit une atroce agression raciste, chez elle, alors qu'elle est sur le point d'accoucher de son deuxième enfant.

    A partir de ce moment, les personnages n'ont plus le ressort pour échapper au rouleau-compresseurr du déterminisme social, et un échec en appelle un autre. Puis chaque échec creuse l'incapacité à communiquer et l'incompréhension. Et au dehors, les prédateurs guettent les individus affaiblis. Ces prédateurs portent des Doc Martens, des blousons noirs et ont le crâne rasé. Les Skin Heads semblent faire la loi dans cette Angleterre des années 80. Autour d'eux, d'autres prédateurs, les gestes nerveux et fébriles, font commerce la nuit tombée d'héroïne et d'ectasy, tels des vautours.

    On se sent accablé, à la lecture de ce roman, par le poids de la fatalité et de la tragédie. Aucun espace n'est laissé à l'espoir. Ce qui n'empêche pas une poésie évidente, notamment à travers le personnage de Vincent, être maudit et magnifique qui aurait eu toute sa place dans une pièce de Sophocle.

    Une famille anglaise, Helen Walsh (Grande-Bretagne). J'ai lu. 539 pages. 8, 40 €

    Catégories : Littérature Britannique 0 commentaire
  • Jusque dans nos bras, Alice Zeniter

    Ca va vous sembler stupide mais j'ai mis un certain temps à retrouver où j'avais entendu cette bribe de phrase "jusque dans nos bras". Et puis j'ai trouvé, une fois la dernière page de ce roman passée. Oui, la Marseillaise ! Un hymne à la patrie, à l'unité de la nation devant l'adversité (aux paroles saisissantes de... détermination, faut-il le rappeler ? Oui appelons ça comme ça, de la détermination...) Un haka bien stimulant pour résister aux hordes tyranniques et sanguinaires, cette chanson. Bon, c'était peut-être utile au 18ème siècle, on trouvera certainement certains passages un chouilla excessifs en 2013.

    Bref, je m'égare.

    Nous sommes en France, novembre 2013. Notre nation est tellement évoluée qu'une de ses ministres subit publiquement le racisme le plus vil, le plus bas, le plus fétide. Comment en est-on arrivé là ? peut-on légitimement s'interroger. Nous aurions donc la mémoire si courte que nous aurions oublié qu'en 2007, à l'arrivée d'un nouveau Président de la République et de son gouvernement, un "ministère de l'identité nationale" aux relents pétainistes a été créé. Et pendant cette période, des gens ont vécu dans ce pays, avec la peur au ventre.

    C'est ce que rappelle Alice Zeniter dans ce roman très inspiré de l'actualité du quinquennat Sarkozy. A travers les aventures d'Alice et Mad, qui vont faire de leur union le plus blanc des mariages pour tenter de faire passer inaperçue la peau noire de Mad. Les amis d'enfance se jettent à corps perdus, mais pétris de questions, dans cette aventure qui leur semble injuste, mais pas si étonnante, puisqu'elle s'inscrit dans la grande lignée de l'histoire du racisme qu'ils écrivent ensemble depuis les bancs de la maternelle. Depuis le mot "bougnoule", depuis la haine anti-arabe de l'après 11 septembre 2001.

    Avec un humour incroyable, Alice Zeniter réussit la performance de la simplicité de la démonstration sans grand discours. Et nous rappelle qu'un roman, ça peut faire travailler un peu la compassion.

    Jusque dans nos bras, Alice Zeniter (France). Le livre de poche. 192 pages. 6, 60 €

    Catégories : Littérature Française 2 commentaires