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Jean-Philippe Blondel : des deuils, Lloyd Cole, ce roman, le soulagement

lloyd cole,mail,laurent sagalovitsch,deuil,autobiographie,drame,distanceOn peut très bien lire Et rester vivant sans penser une seule seconde qu'il s'agisse d'un texte autobiographique. Certes, le narrateur parle à la première personne, mais difficile de prendre ce récit pour argent comptant. D'abord, parce que les coïncidences en termes de malheur paraissent beaucoup trop grandes pour êtres vraies. Ensuite, parce que le roman débute par un simple message d'un fan du chanteur Lloyd Cole sur son blog, et par un échange de mail avec un collègue écrivain (Laurent Sagalovitsch, à découvrir sur ce blog). Et pourtant, tout est vrai dans ce texte. Jean-Philippe Blondel a accepté de lever un peu le voile sur le mystère de ce roman, et de fait sur sa propre histoire. Merci à lui.

Fais-moi les poches - La première question qu’on se pose en lisant Et rester vivant, c’est s’il s’agit d’un récit autobiographique. On le pressent, on se doute, mais... on se dit que tant de malheurs concentrés sur un seul jeune homme, c’est finalement peu vraisemblable. Votre réalité a-t-elle dépassé ce qu’on aurait pu juger à peine vraisemblable dans une fiction ?

Jean-Philippe Blondel -Le matériau de Et rester vivant est hautement autobiographique -les faits sont exacts. Si j'ai voulu l'appeler "roman", c'est parce que j'ai choisi le point de départ et le point d'arrivée, ainsi que le point de vue - et que le temps passé depuis 1986 a pu me faire commettre des erreurs de détail... Mais oui, je suis très conscient du fait qu'un lecteur peut se dire d'emblée "non, ce n'est pas possible" - c'est d'ailleurs ainsi que je le ressentais à l'époque. J'avais l'impression d'être le héros d'un mauvais roman.

FMLPEcrire un texte autobiographique, c’est se mettre à nu. Que ressent-on  le jour où le manuscrit part à l’imprimerie, où l’intime devient public ? Et le regard des autres, de vos proches, de vos lecteurs, a-t-il changé après ce livre ?

J-P.B -En fait, mes proches, mes vrais proches, et même une bonne partie de la ville où j'habite, connaissent mon histroire, parce qu'elle a fait la une des journaux locaux à l'époque - c'était un drame parfait pour la presse. Depuis ce moment-là, je me suis habitué à être dévisagé -la plupart du temps avec bienveillance. Donc, je n'ai rien ressenti d'autre qu'un immense soulagement quand le manuscrit est parti à l'imprimerie.

FMLP- Vous décrivez une démarche de début de deuil, de survie. Est-ce que 20 ans après, l’écriture de ce roman s’est inscrit dans cette démarche ?

J-P.B -Non. Le deuil était déjà fait. Quand le deuil n'est pas fait, il est impossible d'écrire de cette façon-là, avec cette distance que je voulais retranscrire, parce que c'est ainsi que je sentais les choses à l'époque : tout se passait comme si mon esprit avait créé une vitre en Plexiglas qui empêchait les émotions de m'atteindre trop profondément. C'est cette distance-là qui a été difficile à retrouver.

FMLP- Votre roman n’aurait pas existé sans un message laissé sur le blog du chanteur Lloyd Cole un soir d’ivresse, réellement ?

J-P.B -J'ai écrit une douzaine de versions de ce roman. Quand j'ai laissé le message sur le site de Lloyd Cole, j'étais persuadé que ce roman ne verrait jamais le jour. En fait, c'est sans le mail de Laurent Sagalovitsch que cette version n'aurait pas vu le jour !

Jean-Philippe Blondel est l'auteur de 06 h 41 (Buchet-Chastel), Un minuscule inventaire (Robert Laffont) et en format poche : G 229, Le baby-sitter, Accès direct à la plage (Pocket).

Il écrit également pour la jeunesse : Blog, Au rebond, Brise-glace, (Re)play (Actes Sud junior)

Catégories : Livre, Rencontres 0 commentaire

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