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famille - Page 2

  • La mémoire des embruns, Karen Viggers

    nature,famille,mer,mère

    Mary a une idée précise. En fin de vie, à bout de force, elle veut retourner sur l'île Bruny, en Tasmanie, faire revivre les souvenirs de sa vie passée. Mary était femme du gardien de phare. Chaque lieu de l'île est associé, pour elle, à des images précises.

    Si ses enfants ne sont pas chauds pour la laisser dans un endroit isolé alors qu'elle aurait besoin d'assistance médicale, elle trouve en la personne de Leon, jeune garde forestier, une aide matérielle et morale précieuse, même si les débuts de la relation sont on ne peut plus chaotiques. Tom est, de ses enfants, celui qui juge le moins la démarche de sa mère. Il faut dire qu'il a d'autres chats à fouetter, obsédé par le souvenir d'une saison de travail en Antarctique qui l'a transformé en fantôme solitaire à la sociabilité fragile.

    Roman des grands espaces, La mémoire des embruns dresse le portrait de plusieurs personnages secrets et riches.

    La mémoire des embruns, Karen Viggers (Australie). Le livre de poche. 568 pages. 8, 30 €.

    Catégories : Littérature Australienne 2 commentaires
  • Pardonnable, impardonnable, Valérie Tong Cuong

    famille,mensonges,accident,culpabilité,règlements de compteMilo a douze ans. En faisant la course à vélo avec sa tante Marguerite, il dérape et s'effondre. Et avec lui toute la famille, ses non-dits, ses mensonges, ses tensions. Tandis que l'inquiétude dévaste ses proches, une vague de fond venue des profondeurs de leurs relations s'abat sur chacun d'entre eux. Elle ne fait pas dans le détail, les ravages sont conséquents. C'est l'heure des comptes et l'addition est salée.

    La culpabilité grignote Marguerite pout commencer, mais attaque progressivement Céleste et Lino, les parents de Milo. Pour d'autres raisons, à cause d'autres drames qui reprennent vie avec cette chute. Jeanne, la grand-mère, va aussi devoir éclaircir bien des points qu'elle pensait acquis. Pendant ce temps, Lino stagne ou progresse dans sa convalescence, éponge plus que sensible aux tensions qui l'environnent.

    Le personnage trouble de Marguerite n'est pas sans rappeler Mina, la jeune fille en perte de repères de L'Ardoise Magique. Comme ces produits chimiques totalement neutres quand ils sont utilisés seuls, et activateurs au contact d'autres éléments, Marguerite est un révélateur, un élément déclencheur.

    Pardonnable, Impardonnable, Valérie Tong Cuong (France). J'ai lu. 313 pages. 7, 50 €

    A lire aussi, de la même auteure :L'Atelier des Miracles.

    Catégories : Littérature Française 0 commentaire
  • En cas de forte chaleur, Maggie O'Farrell

    famille, grande bretagne, irlande, canicule"Un temps étrange génère des comportements étranges". Pour ce qui est de la canicule, on pourrait penser au légendaire "Fenêtre sur cour" de Hitchcock. Et on pourra désormais s'attarder sur ce roman de Maggie O'Farrell.

    Eté 1976. Une grande partie de l'Europe crève de chaud et de soif. Le centre de Londres fond littéralement, à l'image de ce goudron transformé en réglisse liquide. Des mesures drastiques sont prises pour éviter les gaspillages ou les vols d'eau. Les corps s'adaptent tant bien que mal, mais les repères évoluent, se confondent. La météo se détraque et avec elle certains comportements vont aussi sortir de la moyenne, de la norme.

    Chez les Riordan, famille irlandaise installée à Londres, c'est la stupéfaction : Robert, le père, a prélevé de l'argent sur son compte et a disparu. Aucun signe précurseur, aucune explication plausible, aucune confidence ne peut expliquer le geste de ce retraité paisible.

    Les trois enfants, éparpillés au quatre coins de Londres ou de New-York vont devoir, à leur corps défendant, se retrouver pour épauler leur mère et mener l'enquête. Pas facile de faire coexister l'enfance et la vie d'adulte, le passé et l'avenir, des personnes qui ont bien du mal à se supporter. Les quatre Riordan, auxquels s'ajoutent les nouvelles générations, vont pourtant faire des concessions, mettre leur vie entre parenthèses pour une durée indéterminée pour retrouver l'un des leurs. Et surtout comprendre cette disparition, dans laquelle les secrets du passé et des origines jouent bien sûr un rôle conséquent. C'est sur un ferry pour l'Irlande que l'aventure familiale se transforme en road-movie. La fraîcheur retrouvée, les pensées et les décisions semblent s'organiser avec plus de facilité pour chacun.

    Maggie O'Farrell avait déjà exploité avec brio les motifs du secret, du lien entre passé et présent et des relations familiales dans l'excellent Cette main qui a pris la mienne. En cas de forte chaleur apporte quant à lui, aussi bizarre que cela puisse paraître, beaucoup de fraîcheur, avec des portraits fins et nuancés et une escapade familiale pleine de tendresse. 

    En cas de forte chaleur, Maggie O'Farrell (Grande-Gretagne). 10/18. 357 pages. 8, 40 €

    A découvrir aussi : Cette main qui a pris la mienne

    Catégories : Littérature Britannique 0 commentaire
  • Un homme, ça ne pleure pas, Faïza Guène

    famille, émancipation, relationsS'émanciper : "s'affranchir d'une tutelle, d'une sujétion, de servitudes", nous révèle le Robert. Nulle mention de la famille dans cette définition. C'est de cette émancipation-là dont choisit quant à elle de nous parler Faïza Guène. Car il est bien question de cordons ombilicaux à rompre dans Un homme, ça ne pleure pas.

    Mais en l'absence de mode d'emploi, les différents membres d'une même fratrie adoptent des attitudes bien différentes. Dounia, la soeur rebelle et ambitieuse, utilise la réussite professionnelle et embrasse la carrière politique pour trouver le courage de rompre les ponts avec une famille traditionnelle, une mère protectrice à l'excès. Mina, garante des institutions familiales, s'illustre par son conservatisme, tandis que Mourad, le narrateur, navigue entre culpabilité et désir de changement. Au dessus de cette mêlée incontrôlable, le "Padre" assume son rôle : rappeler qu'un homme "ça ne pleure pas". Pendant ce temps, la mère règne sur son petit monde, avec force démonstrations d'affection et kilos de sucres. Tel un satellite fou, Miloud, le cousin improbable, brouille tous les repères. 

    Ceux qui ont découvert la verve de Faïza Guène dans Kiffe kiffe demain ne seront pas déçus : son syle percutant, drôle et émouvant n'a fait que s'amplifier. Le ton sonne juste. C'est frais, c'est élégant, vraisemblable et poétique. 

    Un homme, ça ne pleure pas, Faïza Guène (France).

    Le Livre de Poche. 260 pages. 6, 60 €

    Catégories : Littérature Française 0 commentaire
  • Sombre dimanche, Alice Zeniter

    hongrieC'est une petite maison en bois, à Budapest, au bord des rails, avec un jardin triangulaire. Il y a le bruit des trains, les déchets des passagers qui flottent dans l'atmosphère, et le rideau de fer, qui, de toute manière, enferme ses habitants en Hongrie. Alors ici ou plus loin, la famille Mandy ne se pose pas vraiment la question. C'est là qu'elle vit, de génération en génération. 

    Et dans cette maison, avec ses habitants, vit aussi l'histoire récente du pays, l'occupation allemande, celle de l'Armée Rouge, à l'époque des grands-parents. Avec ses traces indélébiles qui traversent les âges et dont le grand-père ne se débarrassera jamais. L'ouverture à l'ouest pour le jeune Imre et sa soeur après la chute du bloc de l'est. Un Français sera l'amant de l'une, une Allemande la femme de l'autre, comme un fantasme de liberté incarné. Avec ses ratés. Toujours dans ou autour de la petite maison de bois, dans son atmosphère viciée.

    Imre sera celui qui rompt le sortilège de la maison en bois. Cette maison qui semble condamner les femmes de sa famille. Il proposera un ailleurs, à son père aux origines floues, à sa soeur amochée. Et à lui-même, victime trahie de l'ouverture du rideau de fer.

    Si ce roman d'Alice Zeniter s'avère sombre, comme promis, il n'en est pas moins poétique. La banalité des existences y cache le rouleau compresseur de l'Histoire et la chape de plomb du secret.

    Sombre dimanche, Alice Zeniter (France). Le livre de poche.

    264 pages. 6, 90 €

    A découvrir aussi, écrit par Alice Zeniter : Jusque dans nos bras. Alice et Mad, deux amis d'enfance à Paris, dans les années 2000, ou comment faire un mariage blanc par amitié.  

    Sur les anciens pays du bloc de l'Est : Les vaches de Staline, de Sofi Oksanen ; Un verre de lait, s'il vous plait, de Herbjorg Wassmo ; Quand la lumière décline, Eugen Ruge.

    Catégories : Littérature Française 0 commentaire
  • Une part de ciel, Claudie Gallay

    montagne, culpabilité, fratrie, familleS'allonger sur un nuage, saisir le vent, parler à un courant d'air, conserver contre soi une boule de neige en souvenir, attraper une part de ciel... Autant d'idées poétiques, de promesses de bien-être difficiles à atteindre. Pourtant, tous les personnages de ce roman ont un projet de ce genre : retrouver un père en perpétuel voyage, saisir un mari fugitif, ouvrir une piste de randonnée sur les traces des éléphants d'Hannibal, réaliser des séries de photographies étranges, fabriquer des pinceaux en poils d'écureuil, faire taire les souvenirs enfouis sous la glace...

    Ouvrir ce roman, c'est se préparer à attendre avec les personnages, bloqué en plein décembre dans un village de montagne. Pour Carole, qui revient pour quelques semaines auprès de son frère et de sa soeur, c'est le moment de poser les valises, de laisser les souvenirs et la culpabilité enfouis resurgir, de s'observer. Mais aussi de prendre le temps de la conversation avec un charmant vieillard, de prendre soin d'une soeur au caractère bien trempé, d'observer intriguée un amour de jeunesse.

    Comme souvent chez Claudie Gallay (Les déferlantes, L'amour est une île, Seule Venise, Dans l'or du temps...), le lieu en lui-même est déjà un personnage, sans qui tout aurait une coloration différente. Comme souvent aussi, l'ambiance compte autant que les événements.

    Une part de ciel à déposer, avec douceur et poésie, entre toutes les mains.

    Une part de ciel, Claudie Gallay (France). Babel. 480 pages. 9, 90 €

    Ambiance de retrait du monde et de séjour à la montagne : lisez le très beau roman Quand la nuit, de Cristina Comencini

    Catégories : Littérature Française 0 commentaire
  • Maine, J. Courtney Sullivan

    usa, vacances, familleUne maison familiale dans le Maine avec accès direct à la plage : le bon plan pour passer ses vacances d'été. Dans l'idée en tous cas. Car dans les faits, il faut ménager les sensibilités des uns et des autres, adapter les programmes aux turpitudes, aux déconvenues. Alice, la grand-mère, trie ses souvenirs par le vide, un bon moyen d'alléger l'aigreur. Kathleen, sa fille, ne vient que sous la menace et préfère la compagnie des vers qu'elle élève pour fabriquer du compost à l'autre bout du pays. Maggie, la petite-fille, vient se cacher loin de la ville après avoir appris en une seule fois qu'elle était enceinte et larguée par son petit ami. Quant à Ann Marie, la belle fille pieuse et parfaite, elle perfectionne ses maisons de poupée en attendant d'hériter un jour, peut-être, du grand domaine familial. Tout cela sous le regard bienveillant d'un jeune prêtre dont le charme ne laisse indifférente aucune des femmes de la famille Kelleher...

    La recette du roman polyphoniques s'adapte parfaitement à ce texte, où chaque personnage se révèle aussi attachant qu'insupportable. On reste suspendu à l'attente du clash, qui se révèle plus subtil et diffus qu'un simple coup de tonnerre.

    Maine, J. Courtney Sullivan (USA). Le livre de poche. 600 pages. 8, 30 €

    Catégories : Littérature Américaine 0 commentaire