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road trip

  • En cas de forte chaleur, Maggie O'Farrell

    famille, grande bretagne, irlande, canicule"Un temps étrange génère des comportements étranges". Pour ce qui est de la canicule, on pourrait penser au légendaire "Fenêtre sur cour" de Hitchcock. Et on pourra désormais s'attarder sur ce roman de Maggie O'Farrell.

    Eté 1976. Une grande partie de l'Europe crève de chaud et de soif. Le centre de Londres fond littéralement, à l'image de ce goudron transformé en réglisse liquide. Des mesures drastiques sont prises pour éviter les gaspillages ou les vols d'eau. Les corps s'adaptent tant bien que mal, mais les repères évoluent, se confondent. La météo se détraque et avec elle certains comportements vont aussi sortir de la moyenne, de la norme.

    Chez les Riordan, famille irlandaise installée à Londres, c'est la stupéfaction : Robert, le père, a prélevé de l'argent sur son compte et a disparu. Aucun signe précurseur, aucune explication plausible, aucune confidence ne peut expliquer le geste de ce retraité paisible.

    Les trois enfants, éparpillés au quatre coins de Londres ou de New-York vont devoir, à leur corps défendant, se retrouver pour épauler leur mère et mener l'enquête. Pas facile de faire coexister l'enfance et la vie d'adulte, le passé et l'avenir, des personnes qui ont bien du mal à se supporter. Les quatre Riordan, auxquels s'ajoutent les nouvelles générations, vont pourtant faire des concessions, mettre leur vie entre parenthèses pour une durée indéterminée pour retrouver l'un des leurs. Et surtout comprendre cette disparition, dans laquelle les secrets du passé et des origines jouent bien sûr un rôle conséquent. C'est sur un ferry pour l'Irlande que l'aventure familiale se transforme en road-movie. La fraîcheur retrouvée, les pensées et les décisions semblent s'organiser avec plus de facilité pour chacun.

    Maggie O'Farrell avait déjà exploité avec brio les motifs du secret, du lien entre passé et présent et des relations familiales dans l'excellent Cette main qui a pris la mienne. En cas de forte chaleur apporte quant à lui, aussi bizarre que cela puisse paraître, beaucoup de fraîcheur, avec des portraits fins et nuancés et une escapade familiale pleine de tendresse. 

    En cas de forte chaleur, Maggie O'Farrell (Grande-Gretagne). 10/18. 357 pages. 8, 40 €

    A découvrir aussi : Cette main qui a pris la mienne

    Catégories : Littérature Britannique 0 commentaire
  • La nuit tombée, Antoine Choplin

    tchernobyl, ukraine, urss, road tripPartir en moto sur les routes, avec une remorque harnachée derrière, c'est déjà une aventure en soi. Le faire pour rejoindre Pripiat, quelques années après l'accident de Tchernobyl, cela relève forcément de la nécessité absolue. Gouri a un besoin impérieux de retourner là-bas, dans la zone contaminée. Pour ramener quelque chose qui lui appartient, qui est resté dans son appartement. Un objet un peu incongru mais plein de sens pour lui. Les immeubles ont tous été pillés, il lui faudra un peu de chance pour retrouver ce qu'il cherche. De la chance, il lui en faudra aussi pour passer sans encombre les barrages. De la compagnie bienveillante également pour mener son projet à bien.

    Sur sa moto, Gouri transporte sa carcasse d'homme saccagé, les stigmates profonds d'une catastrophe sans précédent, ses souvenirs envolés dans les nuages radioactifs, le visage de ses camarades irradiés, la tristesse infinie et pudique du père orphelin de son enfant, les images des maisons de famille que les bulldozers enfouissent sous terre, le silence de la grande roue de la fête foraine arrêtée à jamais. Sur sa moto, Gouri transporte tout le poids de Tchernobyl. Une catastrophe au visage soudain plus humain.

    La nuit tombée, Antoine Choplin (France). Points. 123 pages. 5, 70 €

    Catégories : Littérature Française 0 commentaire