
Mary a une idée précise. En fin de vie, à bout de force, elle veut retourner sur l'île Bruny, en Tasmanie, faire revivre les souvenirs de sa vie passée. Mary était femme du gardien de phare. Chaque lieu de l'île est associé, pour elle, à des images précises.
Si ses enfants ne sont pas chauds pour la laisser dans un endroit isolé alors qu'elle aurait besoin d'assistance médicale, elle trouve en la personne de Leon, jeune garde forestier, une aide matérielle et morale précieuse, même si les débuts de la relation sont on ne peut plus chaotiques. Tom est, de ses enfants, celui qui juge le moins la démarche de sa mère. Il faut dire qu'il a d'autres chats à fouetter, obsédé par le souvenir d'une saison de travail en Antarctique qui l'a transformé en fantôme solitaire à la sociabilité fragile.
Roman des grands espaces, La mémoire des embruns dresse le portrait de plusieurs personnages secrets et riches.
La mémoire des embruns, Karen Viggers (Australie). Le livre de poche. 568 pages. 8, 30 €.

Au début, ça démarre bien. Une version d'Into the wild façon père divorcé en recherche de contact avec son fils. On redémarre à zéro. Adieu la vie de dentiste, bonjour les grands espaces, la solitude, les ravitaillements par avion, les ours, les élans, la pêche au saumon, les réserves pour l'hiver, le bois à scier. L'authentique, l'essence de la relation. Mais il y a quand même un peu de Psychose dans tout ça. Car on se doute petit à petit qu'un truc pas net se trame et que quand ça va péter il n'y aura personne sur cette île perdue de l'Alaska pour entendre les cris. Sournoisement, la tension monte. Et tout éclate bien avant qu'on en ait eu conscience.