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Fais-moi les poches ! - Page 4

  • En attendant Bojangles, Olivier Bourdeaut

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    Pour un petit garçon, quelle fierté d'avoir des parents qui dansent devant les yeux émerveillés de l'assemblée, légers comme la plume, gracieux comme la fantaisie, au son de Mr. Bojangles de Nina Simone. Quel délice d'avoir pour école une maison pleine d'amis, de soirées folles et douces, de nuits sans fin. Une vie sans contrainte, en dehors de tous les codes, avec en seule ligne de mire le plaisir, l'amour familial, la joie, le rire.

    C'est dans ce décor onirique que nous emmène Olivier Bourdeaut, à la suite de ses personnages. La mère de famille, autour de laquelle la désorganisation s'enroule, porte chaque jour de l'année un nom différent, toujours superbe dans ses robes extravagantes. Le père se délecte de la folie si douce de sa femme en tenant le réel à distance, tandis que le petit garçon observe le monde avec des yeux pétillants.

    En attendant Bojangles, c'est un conte. On se berce dans son ambiance vivifiante, dans sa rêverie, accompagnés par la charmante narration du petit garçon. Même quand l'atmosphère, petit à petit, se modifie.

    En attendant Bojangles, Olivier Bourdeaut (France). Folio. 172 pages.

    6, 60 €


     

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  • La disparition de Jim Sullivan, Tanguy Viel

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    Revoilà encore Tanguy Viel sur ce blog. Paris-Brest, Article 353 du code pénal, et maintenant La Disparition de Jim Sullivan. C'est qu'il est difficile de résister à son écriture, toujours teintée de distance espiègle. Ici, il nous fait le coup du roman américain, qui épuise tous les poncifs de la littérature et du cinéma US. Du Road-trip en vieille Dodge, au quinqua divorcé, posté en mode espionnage devant la maison de son ex-femme. 

    L'originalité du récit, c'est la présence constante de cet auteur mystérieux, qui passe son temps à jurer ses grands dieux qu'il ne va pas vraiment l'écrire, ce roman américain. Du moins, pas comme ça.

    Inutile de préciser que le processus de création du récit compte ici autant que le récit lui-même. Toujours cette distance propre à Tanguy Viel, ce tourbillon de la mise en abyme qui nous fait perdre notre chemin et qui marque l'empreinte de l'auteur.

    La Disparition de Jim Sullivan, Tanguy Viel (France). Minuit Double. 7 €

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  • Peine perdue, Olivier Adam

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    "Qu'en un lieu, en un jour, un seul fait accompli tienne jusqu'à la fin le théâtre rempli". Ca, c'était Boileau, et c'était en 1674. Si la règle des trois unités va comme un gant à l'art dramatique, elle ne réussit pas trop mal à la littérature non plus. Olivier Adam a fait ce choix de l'intrigue resserrée dans le temps et dans la géographie. Avec non pas un seul fait, mais un fil rouge reliant les nombreux personnages : la tempête qui vient de provoquer de gros dégâts dans la station balnéaire de la Côte d'Azur sur laquelle s'ouvre le rideau rouge.

    Parce qu'il suffit de peu pour secouer tout un univers. Surtout quand les fondations en sont un peu fragiles. Une mauvaise météo, une mer qui s'agite, un portable qui ne passe plus et ce sont tous les repères qui se déplacent. Le vent forcit, mais Antoine décide d'aller travailler, même si c'est son jour de congé. Il prend de l'avance. Quand il aura son fils, il pourra l'emmener voir les dauphins. Alors repeindre des caravanes le dimanche, ça importe peu. Violemment agressé, il voit ses projets remis en cause. Autour de lui, une ruche s'agite. Des gens qui le connaissent, d'autres non. Avec ces intempéries, Antoine n'est pas le seul à occuper un lit d'hôpital.

    Chacun ici a un rôle : proches, voisins, personnel, simple témoin, touriste, parent inquiet. Certains le jouent dans le film qui entoure Antoine, d'autres sont simplement dans le même lieu, ou encore dans les coulisses, unis dans une même tension dramatique. 

    Peine perdue, Olivier Adam (France). J'ai lu. 409 pages. 7, 50 €

     

    Du même auteur : Les lisières

    Catégories : Littérature Française 0 commentaire
  • La petite lumière, Antonio Moresco

    montagne, solitude, mort, fantastique, décor

    Isolé dans un village de montagne que la vie a quitté depuis longtemps, le narrateur vit au seul contact de la nature. Celle qui reprend ses droits quand les hommes s'en vont, celle qui loge dans les combles des maisons ou pousse entre les dalles de béton qui ne sont plus foulées. Une vie d'ascète, interrompue par quelques trajets à l'épicerie du village d'en bas. Il y a de la vie, encore là-bas. Ca n'empêche pas les chats de rôder partout dans cette épicerie qui pue l'urine animale.

    Au loin, chaque nuit, une petite lumière l'intrigue. Elle provient d'un endroit normalement inhabité. Elle est pourtant régulière, persistante. Dans sa solitude volontaire, il finit par l'attendre.

    En interrogeant les gens du village, il essaie d'en savoir plus. Cela le mènera à des rencontres étonnantes, mais infructueuses. Jusqu'au jour de la rencontre avec le petit garçon. Celui qui vit là-bas, tout seul, et qui allume la lumière tous les soirs parce qu'il a peur du noir.

    Dans un décor sauvage et intriguant, Antonio Moresco interroge dans cette fable délicate sur la vie et la mort, l'homme et la nature, le rationnel et le fantastique, l'isolement et les besoin des autres.

    La petite lumière, Antonio Moresco (Italie). Editions Verdier.

    128 pages. 14 €

    Catégories : Littérature Italienne 0 commentaire
  • Article 353 du Code Pénal, Tanguy Viel

    meurtre, décor, juge

    Le drame est tout de suite annoncé : Martial Kermeur a précipité le promoteur Antoine Lazenec par dessus bord pendant une partie de pêche. Dans le bureau du juge, jamais il ne niera les faits, pas plus qu'il le les minimisera. Mot à mot, il va les faire venir, pour peut-être enfin parvenir à les expliquer. Le juge, patiemment, demande des explications, perd un peu de vue sa place par moments. D'ailleurs, souvent, il nous la laisse, à nous lecteurs, sa place. Comme lui, nous avons des questions à poser, des éclaircissements à obtenir. Martial Kermeur a tellement à dire.

    Antoine Lazenec, parfait escroc au culot sans borne, est arrivé un jour avec sa belle voiture, et plus rien ne s'est passé normalement dans les parages. Les terrains sont devenus des millions, les investissements le seul avenir. Les gars de l'arsenal, dotés de belles économies après leurs licenciements, des pigeons à ne pas manquer. Les élus locaux, en quête de reconnaissance et d'idées novatrices, des proies faciles. Les places au stade, seulement en tribunes chauffées. Antoine Lazenec, c'était le loup dans la bergerie. 

    Jusqu'où est-il allé ? Suspendus aux lèvres de Martial Kermeur, nous attendons. Le juge aussi. Manipulation, crédulité, machiavélisme sont à l'oeuvre et le suspense à son comble, dans les embruns de la rade saturés d'amertume.

    Article 353 du Code Pénal, Tanguy Viel. Editions de Minuit.

    174 pages. 14, 50 €

     

     

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  • L'effroi, François Garde

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    Il nous est tous arrivé de rester pantois devant une attitude inattendue, tellement improbable que l'on peut douter un instant de son existence. Pour Sébastien Armant, altiste dans un orchestre, la réaction sera rapide. Lorsque Louis Craon, le chef d'orchestre qui le dirige ce soir-là à l'opéra Garnier, lève le bras dans un salut hitlérien glaçant, le musicien se lève, tourne le dos et quitte la scène. Sous l'oeil des caméras de télévision, le geste inexpliqué du chef et la réaction spontanée de l'altiste vont faire le tour du monde. L'univers des médias, internet, la télévision, tout le monde s'emballe pour cet événement hors-du-commun. Un grand buzz sur fond de peste brune va voir le jour, rendant Sébastien Amant simple spectateur de son acte.

    Tout est passionnant dans ce roman de François Garde, dans sa façon d'analyser les gestes et les réactions. Stupeur devant le geste nazi, mais aussi fascination de la part de nostalgiques du 3ème reich menaçants. Solidarité pour la réaction de Sébastien Armant, mais aussi suspicion, agacement, lassitude, empathie sensible au temps qui passe. Une définition précise, en somme, du mot "effroi", à travers un roman qui hante.

    L'Effroi, François Garde (France). Gallimard. 302 pages

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  • La vie en sourdine, David Lodge

    vie en sourdine.jpgChaque âge a donc ses crises. Alors que j'évoquais récemment la crise de la trentaine, parlons aujourd'hui de son double : la crise de la soixantaine, objectivement plus compliquée. Car elle se révèle moins autocentrée, le ou la sexagénaire se retrouvant souvent au carrefour des générations : des enfants grands, certes, mais parfois pas hostiles à un petit coup de main, des petits enfants qu'il faut regarder grandir,  des parents âgés qu'il faut accompagner, un couple dans lequel il faut continuer d'entretenir la flamme.

    Pour Desmond, voilà, on y est. Il cumule plus ou moins toutes ces responsabilités. Heureusement pour lui, il est jeune retraité, mais il ajoute un niveau de difficulté dans son jeu par sa surdité. Un handicap qu'il doit compenser grâce à un appareillage efficace mais contraignant, remisant de toute manière toute velléité de conversation en groupe dans les voeux pieux. Il passe parfois pour un rustre, répond souvent à côté de la plaque, sourit poliment : sa vie est en sourdine. Marié à une femme plus jeune et friande de relations sociales, Desmond fait de son mieux, mais la solitude, ah la solitude, que ça lui fait du bien !

    En prise avec une étudiante américaine qui veut lui faire reprendre du service comme directeur de thèse, notre linguiste retraité doit aussi trouver des solutions pour son père vieillissant. Les événements se bousculent, et au milieu, une parenthèse étrange survient lors d'un voyage en Pologne.

    Humour, auto-dérision et gravité à parts égales dans ce roman de David Lodge, où petits défauts humains et grandes questions existentielles se côtoient sans complexe.

    La vie en sourdine, David Lodge (Grande-Bretagne)

    Rivages. 461 pages. 9, 50 €

    Catégories : Littérature Britannique 0 commentaire