Le drame est tout de suite annoncé : Martial Kermeur a précipité le promoteur Antoine Lazenec par dessus bord pendant une partie de pêche. Dans le bureau du juge, jamais il ne niera les faits, pas plus qu'il le les minimisera. Mot à mot, il va les faire venir, pour peut-être enfin parvenir à les expliquer. Le juge, patiemment, demande des explications, perd un peu de vue sa place par moments. D'ailleurs, souvent, il nous la laisse, à nous lecteurs, sa place. Comme lui, nous avons des questions à poser, des éclaircissements à obtenir. Martial Kermeur a tellement à dire.
Antoine Lazenec, parfait escroc au culot sans borne, est arrivé un jour avec sa belle voiture, et plus rien ne s'est passé normalement dans les parages. Les terrains sont devenus des millions, les investissements le seul avenir. Les gars de l'arsenal, dotés de belles économies après leurs licenciements, des pigeons à ne pas manquer. Les élus locaux, en quête de reconnaissance et d'idées novatrices, des proies faciles. Les places au stade, seulement en tribunes chauffées. Antoine Lazenec, c'était le loup dans la bergerie.
Jusqu'où est-il allé ? Suspendus aux lèvres de Martial Kermeur, nous attendons. Le juge aussi. Manipulation, crédulité, machiavélisme sont à l'oeuvre et le suspense à son comble, dans les embruns de la rade saturés d'amertume.
Article 353 du Code Pénal, Tanguy Viel. Editions de Minuit.
174 pages. 14, 50 €