"Qu'en un lieu, en un jour, un seul fait accompli tienne jusqu'à la fin le théâtre rempli". Ca, c'était Boileau, et c'était en 1674. Si la règle des trois unités va comme un gant à l'art dramatique, elle ne réussit pas trop mal à la littérature non plus. Olivier Adam a fait ce choix de l'intrigue resserrée dans le temps et dans la géographie. Avec non pas un seul fait, mais un fil rouge reliant les nombreux personnages : la tempête qui vient de provoquer de gros dégâts dans la station balnéaire de la Côte d'Azur sur laquelle s'ouvre le rideau rouge.
Parce qu'il suffit de peu pour secouer tout un univers. Surtout quand les fondations en sont un peu fragiles. Une mauvaise météo, une mer qui s'agite, un portable qui ne passe plus et ce sont tous les repères qui se déplacent. Le vent forcit, mais Antoine décide d'aller travailler, même si c'est son jour de congé. Il prend de l'avance. Quand il aura son fils, il pourra l'emmener voir les dauphins. Alors repeindre des caravanes le dimanche, ça importe peu. Violemment agressé, il voit ses projets remis en cause. Autour de lui, une ruche s'agite. Des gens qui le connaissent, d'autres non. Avec ces intempéries, Antoine n'est pas le seul à occuper un lit d'hôpital.
Chacun ici a un rôle : proches, voisins, personnel, simple témoin, touriste, parent inquiet. Certains le jouent dans le film qui entoure Antoine, d'autres sont simplement dans le même lieu, ou encore dans les coulisses, unis dans une même tension dramatique.
Peine perdue, Olivier Adam (France). J'ai lu. 409 pages. 7, 50 €
Du même auteur : Les lisières