"Ma femme"... L'expression peut sembler un peu distante, surannée presque. Dans ce roman, le narrateur n'évoque sa compagne qu'à travers ces mots-là. Pas de prénom. Et pourtant, la proximité entre les deux êtres se révèle de plus en plus ténue au cours de la lecture.
Il est ici question d'une banale rencontre de vacances. Suivra une banale relation amoureuse. Un banal mariage. Un banal désir d'enfant. Et un banal accident de la vie. Car les deux personnages ne vivent rien d'extraordinaire, comme le corps médical le leur rappelle sans le moindre tact. Perdre un enfant à naître est en effet -statistiquement- courant. Donner corps aux chiffres relève d'une toute autre dimension. Cela revient à perdre un espoir naissant, palpable, vital. Un cataclysme difficile à partager, à comprendre. Etre l'ex-futur père une place difficile, aussi.
Harold Cobert occupe avec ce roman une place laissée vide jusque là. Celle du témoin, du messager masculin d'une souffrance féminine ancestrale. Celle du porte-parole d'un sujet douloureux complètement passé sous silence. Avec pudeur. Avec brio.
Dieu surfe au pays basque, Harold Cobert (France). Le livre de poche. 168 pages.
6, 10 €.
Si vous souhaitez en savoir plus sur ses choix d'écriture, ses motivations, ses projets, lisez l'entretien avec Harold Cobert.
Commentaires
Magnifique critique. Merci encore.
De rien Eleonore ! C'est vraiment un roman à découvrir !
Plusieurs fois, en librairie, je l'ai pris, puis relâché, puis repris, puis hésité...la prochaine fois: acheté!
Merci pour cette chronique.
Oui, ma démarche a été semblable ! Le titre me donnait l'impression d'une histoire à la mode, trop à la mode. Pour en fait découvrir une trame universelle et intemporelle...