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Fais-moi les poches ! - Page 21

  • Laurent Sagalovitsch : "La sortie en poche de Dade City : une seconde naissance"

    roman,religions,juif,adolescent,fugue,jean-philippe blondel,blog,moraleQuand j'ai demandé à Laurent Sagalovitsch s'il accepterait de me parler de son roman Dade City, il m'a répondu avec l'humour et la répartie qui semblent le caractériser qu'il n'était plus très sûr de se souvenir de quoi parlait ce texte. Et pour cause. L'édition poche arrive 17 ans après la sortie du grand format. L'occasion pour l'auteur de re-découvrir ses mots, mais aussi pour les lecteurs. Si vous avez raté la première diffusion de Dade City en 1996, pas de panique, la voici en replay. Et c'est une excellente initiative !

    Fais-moi les poches - Pour commencer, une question s'impose d'elle-même : n'est-ce pas un peu étrange de voir un de ses romans sortir en poche 17 ans après sa sortie en grand format ?

    Laurent Sagalovitsch - C'est comme une seconde naissance, d'autant plus que j'ai hérité d'une nouvelle couverture encore plus réussie que la première. Ceci dit, c'est vrai que c'est assez étrange comme sensation. On a comme l'impression que le livre a été écrit par une autre personne ou alors par vous mais dans une vie antérieure. Le pire, c'est que je ne me souvenais absolument plus de l'intrigue du roman. Comme si ce n'était pas moi qui l'avais écrit.

    FMLP - Vous vivez aujourd'hui à Vancouver. Au moment de l'écriture, aviez-vous déjà une bonne connaissance du continent américain ? Comme je l'ai demandé à Philippe Besson il y a quelques semaines à propos de Une bonne raison de se tuer, votre roman aurait-il été transposable ailleurs ?

    L. S - Je n'avais jamais mis les pieds en Amérique à cette époque ! Ceci dit, je baignais dans la culture américaine puisque en tant que critique littéraire à Libération, je m'occupais de la littérature anglo-saxonne. Donc mentalement je connaissais bien le pays. Reste que je ne suis pas certain que l'action se déroule en Amérique même si par la suite j'ai découvert qu'il existait en Floride une ville répondant au nom de Dade City ! Pour moi le roman se passait plutôt en Suisse...

    FMLP - Aviez-vous l'intention de proposer une morale à la fin de ce roman, comme un règlement de compte avec une certaine vision de la religion, représentée dans le roman par le père du jeune narrateur (à l'opposé du vieux commerçant juif, chaleureux et en questionnement) ?

    L. S - Non, non, je ne suis pas un moraliste. Je n'écris pas des romans pour défendre des idées. Je déteste les romans à thèse. Et je ne pense pas que j'avais la moindre idée de la fin en commençant ce roman. La fin s'est imposée d'elle-même. Naturellement. Ceci posé, il est bien évident que je n'ai guère de sympathie pour ceux qui prennent la religion comme un dogme inébranlable.

    FMLP - Comment vivez-vous le fait d'avoir été à l'origine (c'est l'auteur qui l'affirme !) d'un roman très marquant de Jean-Philippe Blondel, Et rester vivant ?

    L. S - J'attends toujours de recevoir son chèque ! C'est vraiment une drôle d'histoire. Très romanesque en même temps. Mais jamais je n'aurais pensé que j'aurais pu être l'élément déclencheur d'un roman si intime. Je pense que Jean-Philippe avait ce roman en lui depuis des années et que j'ai appuyé, bien malgré moi, sur le bon bouton. Je dois dire que la lecture de ce livre m'a bouleversé. Il se met vraiment à nu sans jamais s'apitoyer sur son sort.

    FMLP - Et aujourd'hui vous écrivez quoi ? Quels sont les sujets qui vous inspirent ? On peut lire dans votre blog un intérêt vif pour l'actualité, qu'elle soit française ou internationale. Ces sujets rentrent-ils dans vos possibilités d'écriture littéraire ?

    L. S - Ce sont vraiment deux choses différentes. D'un côté le blog, de l'autre le roman. Le blog me permet d'écrire sur mon époque, le roman d'écrire sur moi. La démarche est totalement différente. Le blog, je le destine aux autres. Le roman, c'est seulement pour moi. Je n'écris pas un roman pour être lu, au contraire du blog. J'ai beaucoup de mal à écrire des romans contemporains. Des romans en prise avec l'esprit du temps. Je ne suis pas sûr que cela m'intéresse. Du moins pour le moment.

    Laurent Sagalovitsch est également l'auteur de Un juif en cavale, La métaphysique du hors-jeu, Loin de quoi ?, La canne de Virginia  (Actes Sud).

    Retrouvez-le aussi sur son blog : You wil never hate alone.

    Pour en savoir plus sur le rôle étonnant de Laurent Sagalovitsch dans l'écriture du roman de Jean-Philippe Blondel Et rester vivant, lisez ces deux articles : Et rester vivant, Jean-Philippe Blondel ; Jean-Philippe Blondel : Des deuils, Lloyd Cole, ce roman, le soulagement

     

    Catégories : Livre, Rencontres 1 commentaire
  • Et rester vivant, Jean-Philippe Blondel

    41jcC3LZ2sL._SL500_AA300_.jpgBien sûr qu'on les connaît les différentes étapes du deuil. Bien sûr, ça arrive à tout le monde d'avoir à les subir. Bien sûr, le spectacle continue. Ce roman nous interroge sur comment il continue justement, ce fichu spectacle. Sur le sens à donner aux choses quand tout se remplit de vide, d'absence. Quand les couleurs s'en vont.

    Le narrateur a 22 ans et se retrouve privé en quelques années de tous les membres de sa famille proche : mère, frère, père. Nous sommes en 1986, et il va choisir de filer vers l'ouest, accompagné de ses deux meilleurs amis. Aller voir ailleurs, comment c'est, le vide. A cause d'une chanson de Lloyd Cole, c'est sur les routes de Californie, au volant d'une Thunderbird climatisée, qu'il va tenter de reprendre du souffle. Ou peut-être de toucher le fond de la piscine pour enfin espérer remonter à la surface.

    Jean-Philippe Blondel -puisque l'auteur et le narrateur ne font qu'un dans ce texte autobiographique (voir entretien ci-dessous)- prend le lecteur à témoin, l'immerge dans le voyage. Nous sommes là, à ses côtés, dans la chaleur des déserts américains, à assister impuissants à une souffrance singulière. Comme le narrateur, nous frisons l'apoplexie. Comme lui, nous vaquons de souvenirs heureux, banals, désagréables, au retour à la réalité. On aimerait avoir fait un cauchemar. Lui aussi. Mais non.

    Ce roman évoque la douleur du deuil avec délicatesse. Il y est aussi question d'amitié, de liens qui sauvent, de rencontres improbables et bienvenues. D'inconnus sur la route, d'hésitation, de renaissance.

    Splendide.

    Et rester vivant, Jean-Philippe Blondel (France). Pocket. 168 pages. 6, 10 €


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  • Jean-Philippe Blondel : des deuils, Lloyd Cole, ce roman, le soulagement

    lloyd cole,mail,laurent sagalovitsch,deuil,autobiographie,drame,distanceOn peut très bien lire Et rester vivant sans penser une seule seconde qu'il s'agisse d'un texte autobiographique. Certes, le narrateur parle à la première personne, mais difficile de prendre ce récit pour argent comptant. D'abord, parce que les coïncidences en termes de malheur paraissent beaucoup trop grandes pour êtres vraies. Ensuite, parce que le roman débute par un simple message d'un fan du chanteur Lloyd Cole sur son blog, et par un échange de mail avec un collègue écrivain (Laurent Sagalovitsch, à découvrir sur ce blog). Et pourtant, tout est vrai dans ce texte. Jean-Philippe Blondel a accepté de lever un peu le voile sur le mystère de ce roman, et de fait sur sa propre histoire. Merci à lui.

    Fais-moi les poches - La première question qu’on se pose en lisant Et rester vivant, c’est s’il s’agit d’un récit autobiographique. On le pressent, on se doute, mais... on se dit que tant de malheurs concentrés sur un seul jeune homme, c’est finalement peu vraisemblable. Votre réalité a-t-elle dépassé ce qu’on aurait pu juger à peine vraisemblable dans une fiction ?

    Jean-Philippe Blondel -Le matériau de Et rester vivant est hautement autobiographique -les faits sont exacts. Si j'ai voulu l'appeler "roman", c'est parce que j'ai choisi le point de départ et le point d'arrivée, ainsi que le point de vue - et que le temps passé depuis 1986 a pu me faire commettre des erreurs de détail... Mais oui, je suis très conscient du fait qu'un lecteur peut se dire d'emblée "non, ce n'est pas possible" - c'est d'ailleurs ainsi que je le ressentais à l'époque. J'avais l'impression d'être le héros d'un mauvais roman.

    FMLPEcrire un texte autobiographique, c’est se mettre à nu. Que ressent-on  le jour où le manuscrit part à l’imprimerie, où l’intime devient public ? Et le regard des autres, de vos proches, de vos lecteurs, a-t-il changé après ce livre ?

    J-P.B -En fait, mes proches, mes vrais proches, et même une bonne partie de la ville où j'habite, connaissent mon histroire, parce qu'elle a fait la une des journaux locaux à l'époque - c'était un drame parfait pour la presse. Depuis ce moment-là, je me suis habitué à être dévisagé -la plupart du temps avec bienveillance. Donc, je n'ai rien ressenti d'autre qu'un immense soulagement quand le manuscrit est parti à l'imprimerie.

    FMLP- Vous décrivez une démarche de début de deuil, de survie. Est-ce que 20 ans après, l’écriture de ce roman s’est inscrit dans cette démarche ?

    J-P.B -Non. Le deuil était déjà fait. Quand le deuil n'est pas fait, il est impossible d'écrire de cette façon-là, avec cette distance que je voulais retranscrire, parce que c'est ainsi que je sentais les choses à l'époque : tout se passait comme si mon esprit avait créé une vitre en Plexiglas qui empêchait les émotions de m'atteindre trop profondément. C'est cette distance-là qui a été difficile à retrouver.

    FMLP- Votre roman n’aurait pas existé sans un message laissé sur le blog du chanteur Lloyd Cole un soir d’ivresse, réellement ?

    J-P.B -J'ai écrit une douzaine de versions de ce roman. Quand j'ai laissé le message sur le site de Lloyd Cole, j'étais persuadé que ce roman ne verrait jamais le jour. En fait, c'est sans le mail de Laurent Sagalovitsch que cette version n'aurait pas vu le jour !

    Jean-Philippe Blondel est l'auteur de 06 h 41 (Buchet-Chastel), Un minuscule inventaire (Robert Laffont) et en format poche : G 229, Le baby-sitter, Accès direct à la plage (Pocket).

    Il écrit également pour la jeunesse : Blog, Au rebond, Brise-glace, (Re)play (Actes Sud junior)

    Catégories : Livre, Rencontres 0 commentaire
  • Paris-Brest, Tanguy Viel

    71OPVDCNKyL._AA1500_.jpgPour qui a déjà arpenté les rues de Brest, ce roman est une obligation. Pour tous les autres, une nécessité. Parce que cette ville est une ambiance à elle seule, tout comme l'est ce roman. Parce qu'à Brest, les classes ouvrières, fourmis laborieuses de l'arsenal et du port cotoyèrent les officiers, les amiraux et leurs descendances. Même lieu, mondes opposés.

    La rencontre entre les deux univers s'opère pourtant dans ce roman. Le narrateur fréquente le fils Kermeur. Il voudrait bien être issu d'une famille de gauche, le fils Kermeur serait prêt à tout pour être d'une famille de droite. Alors va se constituer ce duo de pieds nickelés, qui n'est pas sans évoquer Les Apprentis de Pierre Salvadori. Parce que chacun étouffe dans son milieu, ils vont se trouver. Comme ça. Sans raison vraiment recevable. C'est quand la grand-mère du narrateur va hériter des millions de son compagnon de vieillesse, un amiral richissime rencontré sur le tard (très tard) sur les marches du Cercle marin, que les choses vont, disons, s'emballer. Il faudra donc, peut-être, pour paraphraser Miossec, un jour "quitter Brest". Et ça ne se fait pas comme ça.

    Il y a ici de la noirceur et de l'humour à parts égales, des descriptions acerbes et de la cocasserie. Equilibre étonnant. Les mots sont fluides, on se laisse même surprendre à lire, alors qu'on a l'impression d'entendre un conteur, Tanguy Viel.

    Paris-Brest, Tanguy Viel. Editions de Minuit, collection Double. 173 pages. 7 €

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  • Méfiez-vous des enfants sages, Cécile Coulon

    515TWpviE4L._SL500_.jpgVoilà un ouvrage que l'on repose le souffle un peu coupé. C'est court, dense, rock'n roll. Et puis si on n'y prend garde, on se dit simplement qu'on vient de lire un très bon roman américain. Et bien non, ce roman est écrit par une jeune Française, Cécile Coulon. Par on ne sait quel tour de passe-passe, toutes nos références culturelles sont transposées outre-atlantique, contrée où l'on sirote du "Coke" à longueur de journée, accroupi sur les marches de sa maison, que l'on suppose en bois et bordée de voisines.

    Où l'on fait la connaissance de Lua, une adolescente qui va cesser, un jour, de croire en Dieu. De sa mère, qui a cessé, un jour, de croire en ses rêves pour rentrer dans la norme des classes moyennes américaines, malgré une parenthèse enchantée à San Francisco. De son père, plus soucieux des bestioles en tous genres que d'assumer un rôle de chef de famille. D'Eddy, le voisin un peu crade, fan d'Alice Cooper, qui fait un peu tache dans le décor propret.

    Tout change autour de Lua, la voilà confrontée à ses premières désillusions. Mais on ne s'inquiète pas trop pour elle, elle semble avoir la carrure nécessaire. 

    Dans un style rythmé, très incisif, poétique et un rien désabusé, Cécile Coulon semble avoir écrit ce roman comme on pique un sprint. Une découverte surprenante à bien des égards.

    Méfiez-vous des enfants sages, Cécile Coulon (France). Points. 108 pages.

    5, 20 €

    Catégories : Livre 2 commentaires
  • Cécile Coulon : "délocaliser" pour prendre du recul

    909126_10151549811202342_2122594438_n.jpgCécile Coulon peut intriguer. Elle est jeune et a déjà un métier d'écrivain bien rôdé à son palmarès. Mais bien plus que sa jeunesse, ou peut-être à cause d'elle, c'est son talent à créer des décors et des univers qui fascine. Dans Méfiez-vous des enfants sages, elle "délocalise" nos références en visant dans le mille. Rencontre.


    Fais-moi les poches -Pourquoi avoir choisi de situer votre roman aux USA ? Comment parvenez-vous à créer un décor américain aussi réaliste ?

    Cécile Coulon -J'ai choisi de situer mon roman aux USA parce qu'au moment de l'écriture, j'avais dix-huit ans, et je ne me sentais pas capable de parler de mon pays, de ma génération. J'ai délocalisé l'histoire pour prendre du recul, m'autoriser un fantasme construit autour de la littérature, du cinéma et de la musique. Ces trois vecteurs m'ont permis de créer un décor réaliste, capable d'accueillir une fiction.


    FMLP -Les adultes ne sont pas vraiment épargnés dans vos descriptions. Grandir est-ce nécessairement céder aux compromissions en tous genres ?

    C. C -Les adultes ne sont pas épargnés, mais les adolescents non plus. Je voulais simplement montrer que la joie autant que la douleur sont des choses simples, des émotions qui se présentent en permanence, et qu'il ne faut pas fuir, mais encaisser.


    FMLP -Eddy, Kristina, ce sont des personnages trash mais avec qui il se passe vraiment quelque chose, avec qui un véritable échange s’établit. Est-ce justement parce qu’il ont refusé de céder aux convenances, à l’embourgeoisement ?
    C. C -Je ne crois pas qu'on puisse parler de convenances ou d'embourgeoisement pour les autres personnages; simplement, Eddy et Kristina ont une place à part, un charisme, une force interne qui les fait ressortir, mais qui va aussi les brûler.

     

    FMLP -Pour quelles raisons doit-on « se méfier » de Lua, « l’enfant sage » ? Est-ce à cause de sa lucidité sur le monde qui l’entoure ?

    C. C - J'ai choisi ce titre car il décrit un certain paradoxe établi dans le roman : ceux qui ont l'air calme sont les plus lucides, donc les plus dangereux. A l'inverse, ceux qui "se donnent un genre" n'ont pas de vie intérieure propre.

     

    Cécile Coulon est également l'auteure de Le roi n'a pas sommeil (Viviane Hamy), Sauvages, Le voleur de vie (Revoir).

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  • Une bonne raison de se tuer, Philippe Besson

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    Quelle sensation étrange que d'être immobile quand tout bouge autour de vous. Les deux personnages de ce roman, Laura et Samuel, en font l'expérience douloureuse. Parce qu'ils sont américains, que nous sommes en novembre 2008 et que leur pays-continent s'apprête à vivre un boulversement de premier ordre : l'élection d'un noir à sa tête. Tout bouillonne et s'excite, s'enthousiasme et s'inquiète. Chaque Américain se souviendra sûrement de ce qu'il faisait ce jour-là, comme une sorte de 11 septembre à l'envers. Pourtant, Laura et Samuel ne participent pas au mouvement. Ils sont ailleurs, dans d'autres préoccupations. Le monde qui change ne les concerne plus.

    Laura et Samuel ne se connaissent pas. Ils vivent dans le même pays, dans la même ville. Leurs existences sont différentes. Ils n'ont aucune raison particulière de se croiser. L'un vit un drame personnel profond et ineffaçable. L'autre n'a qu'un projet en tête : passer à l'acte, se suicider.

    Si on était dans un conte de fées, ils se rencontreraient et se sauveraient mutuellement. S'ils évoluaient dans un monde d'avant la tour de Babel, où le langage serait source de communication et non de fermeture, ils se sauveraient mutuellement. Mais l'écriture de Philippe Besson se veut plus près de la vie réelle.

    L'auteur nous offre à de nombreuses occasions un champ des possibles très large. On y croit, on espère. Et puis les ratés interviennent, rageants, inéluctables mais vraisemblables. A l'image d'une écriture efficace, sans fioriture, qui va droit au but et touche à l'essentiel. Vraisemblable elle aussi.

    Une bonne raison de se tuer, Philippe Besson (France). 10 / 18. 274 pages.

    7, 50 €

    Catégories : Livre 1 commentaire