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deuil

  • Et rester vivant, Jean-Philippe Blondel

    41jcC3LZ2sL._SL500_AA300_.jpgBien sûr qu'on les connaît les différentes étapes du deuil. Bien sûr, ça arrive à tout le monde d'avoir à les subir. Bien sûr, le spectacle continue. Ce roman nous interroge sur comment il continue justement, ce fichu spectacle. Sur le sens à donner aux choses quand tout se remplit de vide, d'absence. Quand les couleurs s'en vont.

    Le narrateur a 22 ans et se retrouve privé en quelques années de tous les membres de sa famille proche : mère, frère, père. Nous sommes en 1986, et il va choisir de filer vers l'ouest, accompagné de ses deux meilleurs amis. Aller voir ailleurs, comment c'est, le vide. A cause d'une chanson de Lloyd Cole, c'est sur les routes de Californie, au volant d'une Thunderbird climatisée, qu'il va tenter de reprendre du souffle. Ou peut-être de toucher le fond de la piscine pour enfin espérer remonter à la surface.

    Jean-Philippe Blondel -puisque l'auteur et le narrateur ne font qu'un dans ce texte autobiographique (voir entretien ci-dessous)- prend le lecteur à témoin, l'immerge dans le voyage. Nous sommes là, à ses côtés, dans la chaleur des déserts américains, à assister impuissants à une souffrance singulière. Comme le narrateur, nous frisons l'apoplexie. Comme lui, nous vaquons de souvenirs heureux, banals, désagréables, au retour à la réalité. On aimerait avoir fait un cauchemar. Lui aussi. Mais non.

    Ce roman évoque la douleur du deuil avec délicatesse. Il y est aussi question d'amitié, de liens qui sauvent, de rencontres improbables et bienvenues. D'inconnus sur la route, d'hésitation, de renaissance.

    Splendide.

    Et rester vivant, Jean-Philippe Blondel (France). Pocket. 168 pages. 6, 10 €


    Catégories : Livre 1 commentaire
  • Jean-Philippe Blondel : des deuils, Lloyd Cole, ce roman, le soulagement

    lloyd cole,mail,laurent sagalovitsch,deuil,autobiographie,drame,distanceOn peut très bien lire Et rester vivant sans penser une seule seconde qu'il s'agisse d'un texte autobiographique. Certes, le narrateur parle à la première personne, mais difficile de prendre ce récit pour argent comptant. D'abord, parce que les coïncidences en termes de malheur paraissent beaucoup trop grandes pour êtres vraies. Ensuite, parce que le roman débute par un simple message d'un fan du chanteur Lloyd Cole sur son blog, et par un échange de mail avec un collègue écrivain (Laurent Sagalovitsch, à découvrir sur ce blog). Et pourtant, tout est vrai dans ce texte. Jean-Philippe Blondel a accepté de lever un peu le voile sur le mystère de ce roman, et de fait sur sa propre histoire. Merci à lui.

    Fais-moi les poches - La première question qu’on se pose en lisant Et rester vivant, c’est s’il s’agit d’un récit autobiographique. On le pressent, on se doute, mais... on se dit que tant de malheurs concentrés sur un seul jeune homme, c’est finalement peu vraisemblable. Votre réalité a-t-elle dépassé ce qu’on aurait pu juger à peine vraisemblable dans une fiction ?

    Jean-Philippe Blondel -Le matériau de Et rester vivant est hautement autobiographique -les faits sont exacts. Si j'ai voulu l'appeler "roman", c'est parce que j'ai choisi le point de départ et le point d'arrivée, ainsi que le point de vue - et que le temps passé depuis 1986 a pu me faire commettre des erreurs de détail... Mais oui, je suis très conscient du fait qu'un lecteur peut se dire d'emblée "non, ce n'est pas possible" - c'est d'ailleurs ainsi que je le ressentais à l'époque. J'avais l'impression d'être le héros d'un mauvais roman.

    FMLPEcrire un texte autobiographique, c’est se mettre à nu. Que ressent-on  le jour où le manuscrit part à l’imprimerie, où l’intime devient public ? Et le regard des autres, de vos proches, de vos lecteurs, a-t-il changé après ce livre ?

    J-P.B -En fait, mes proches, mes vrais proches, et même une bonne partie de la ville où j'habite, connaissent mon histroire, parce qu'elle a fait la une des journaux locaux à l'époque - c'était un drame parfait pour la presse. Depuis ce moment-là, je me suis habitué à être dévisagé -la plupart du temps avec bienveillance. Donc, je n'ai rien ressenti d'autre qu'un immense soulagement quand le manuscrit est parti à l'imprimerie.

    FMLP- Vous décrivez une démarche de début de deuil, de survie. Est-ce que 20 ans après, l’écriture de ce roman s’est inscrit dans cette démarche ?

    J-P.B -Non. Le deuil était déjà fait. Quand le deuil n'est pas fait, il est impossible d'écrire de cette façon-là, avec cette distance que je voulais retranscrire, parce que c'est ainsi que je sentais les choses à l'époque : tout se passait comme si mon esprit avait créé une vitre en Plexiglas qui empêchait les émotions de m'atteindre trop profondément. C'est cette distance-là qui a été difficile à retrouver.

    FMLP- Votre roman n’aurait pas existé sans un message laissé sur le blog du chanteur Lloyd Cole un soir d’ivresse, réellement ?

    J-P.B -J'ai écrit une douzaine de versions de ce roman. Quand j'ai laissé le message sur le site de Lloyd Cole, j'étais persuadé que ce roman ne verrait jamais le jour. En fait, c'est sans le mail de Laurent Sagalovitsch que cette version n'aurait pas vu le jour !

    Jean-Philippe Blondel est l'auteur de 06 h 41 (Buchet-Chastel), Un minuscule inventaire (Robert Laffont) et en format poche : G 229, Le baby-sitter, Accès direct à la plage (Pocket).

    Il écrit également pour la jeunesse : Blog, Au rebond, Brise-glace, (Re)play (Actes Sud junior)

    Catégories : Livre, Rencontres 0 commentaire
  • Veuf, Jean-Louis Fournier

    41radEzu8pL._SL500_AA300_.jpgOn ne pourra pas reprocher à l'auteur d'avoir voulu donner à son ouvrage un titre aguicheur. Alors, avec ce mot bref et brutal en préambule, c'est sûr, on ouvre la première page avec la crainte que le pathos nous saute au visage. C'est pourtant tout sauf de l'apitoiement qui nous est livré ici. Car devenir veuf, nous dit Jean-Louis Fournier, c'est une somme de situations étranges auxquelles on n'avait évidemment pas pensé. Du désespoir, évidemment. Du cocasse, aussi, souvent. Et c'est de cette rencontre inattendue entre des sentiments contradictoires, que surgit la délicatesse de ce texte.

    Veuf, Jean-Louis Fournier (France). Le livre de poche. 144 pages.

    5, 90 €

    Catégories : Livre 0 commentaire