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  • L'atelier des miracles, Valérie Tong Cuong

    51u7oIIp0fL._AA160_.jpgCroire aux miracles, c'est un brin audacieux. En tous cas un risque élevé de déception. Les personnages qui se retrouvent à "l'Atelier", un lieu de réinsertion censé revigorer les plus faibles avant de les remettre dans le grand bain de la vie, n'y croient pas trop, aux miracles. Ni à rien d'autre d'ailleurs.

    Entre Millie, la petite vingtaine, qui traîne sa culpabilité comme un boulet paralysant ; Monsieur Mike, le militaire déserteur qui en a vu d'autres, là-bas, en "Afgha" ; Mariette, la prof mariée à un député obsédé par son image, qui découvre qu'avoir attendu le burn-out n'était pas la meilleure option ; Jean, leur "sauveur" à tous, qui se ment sans doute pas mal dans sa pratique de la charité, on ne peut pas dire que tout est rose. Mais des choses se passent.

    A aucun moment, Valérie Tong Cuong ne tombe dans le piège des bons sentiments. Ses personnages ne sont ni tout à fait responsables ni complètement innocents. A l'"Atelier", l'entraide et la solidarité sont des valeurs primordiales, mais totalement dissociées de la morale commune. Le regard de l'autre est, selon les contextes, une torture ou une bouée. Et l'enfer, ce n'est pas que les autres.

    L'atelier des miracles, Valérie Tong Cuong (France). J'ai lu. 7, 50 €.

    A lire aussi : Valérie Tuong-Cong répond aux questions de Fais-moi les poches ! sur ses personnages et leurs complexités.

    Catégories : Littérature Française 0 commentaire
  • Valérie Tong Cuong : "Mes personnages m'habitent et ne me lâchent plus"

    10148156_10152290139082103_479820161_o.jpgAvec L'atelier des miracles, Valérie Tong Cuong signe un roman de rencontres et de ruptures. Avec sa disponibilité légendaire, elle a accepté de répondre une nouvelle fois aux questions de Fais-moi les poches ! sur ses personnages et les équilibres délicats à préserver pour en faire des êtres crédibles.

    Fais-moi les poches - Vous écrivez un roman frais et enthousiaste, sans tomber dans les bons sentiments et les happy end faciles. Cela ne doit pas être un équilibre évident à trouver. Comment avez-vous fait ?

    Valérie Tong Cuong - J’essaie de porter un regard réaliste sur la vie. Tout n’est pas rose, mais il existe presque toujours une issue et c’est ce qui m’intéresse : la manière dont on avance, les chemins à parcourir, les ressources de chacun, sans nier ou minimiser les obstacles, les coups ou les difficultés à gérer.

    FMLP - Aucun de vos personnages n'a qu'une seule facette, ce qui en fait des personnages hautement crédibles ! Vous avez une recette pour leur donner naissance, vous leur attribuez des "cartes d'identité", comment faites-vous ?

    V.T.C - Là encore, ils sont réalistes. Personne n’est monolithique. Nous avons tous nos mauvais et nos bons côtés, qui s’expriment dans différents contextes ou à différents moments de notre vie. Ce qui compte, c’est notre manière de les faire évoluer. Pour ce qui concerne mes personnages, ils surgissent en moi sans prévenir, puis m’habitent et ne me lâchent plus ! Mais il est évident que mon inconscient a travaillé… Parfois, il arrive que je m’accorde un peu de temps spécifiquement avec l’un ou l’autre, nous entamons une sorte de dialogue muet, qui me permet de mieux les connaître.

    FMLP - L'ardoise magique, votre précédent roman, posait déjà l'abandon et l'entraide un peu inespérée en personnages principaux. Le thème de l'exclusion est important pour vous ?

    V.T.C - Disons plutôt, une certaine forme de solitude qui peut être tout à fait invisible. Beaucoup d’entre nous (peut-être tous) ont traversé des périodes durant lesquelles ils avaient le sentiment d’être « satellisés », d’échouer à faire comprendre ce qu’ils ressentaient. On renonce à tenter d’expliquer à l’autre, on ne trouve même pas les mots pour soi-même... souvent la faute en revient aux blessures non soignées qui saignent à nouveau à l’occasion d’un événement, d’un incident déclencheur.

    FMLP - Qu'écrivez-vous en ce moment ?

    V.T.C - Je travaille sur un nouveau roman, mais j’ai pour habitude de ne rien dire jusqu’à la sortie. C’est une manière de profiter d’une certaine intimité avec mes personnages.

    Retrouvez également sur la chronique sur L'ardoise magique et un entretien avec Valérie Tong Cuong au sujet de ce précédent roman, où elle évoque la puissance de l'inconscient.

    Catégories : Livre, Rencontres 0 commentaire
  • Télex de Cuba, Rachel Kushner

    002528983.jpgAmateurs d'histoires familiales sur fond historique, ce roman est pour vous. Le contexte ? Le Cuba d'avant les frères Castro, quand les Américains régnaient en maîtres sur une terre fertile pour faire pousser les fruits, où la main d'oeuvre elle aussi se trouvait à foison, sur place ou en provenance d'Haïti. Des Américains businessmen à l'envi, qui sous couvert de développement économique imposaient leurs propres règles du jeu : un droit du travail "maison", des règles arbitraires. 

    La famille Stites vit ainsi à Cuba. Luxueusement, voluptueusement, puisque le père est le dirigeant de la société "United fruits". Mais pas si tranquillement quand même. Del, le fils aîné, disparaît un jour pour combattre aux côtés des rebelles. Vraie conviction ou révolte à court terme, l'affront est vif et douloureux pour la famille. Et puis il y a cette micro-société américaine qui se recrée sous les tropiques, digne d'une organisation de castes. Petits drames pour tromper l'ennui et observations médisantes jalonnent le quotidien des femmes. Mais il fait beau, mais on est riches. Alors on reste. 

    Il y a les autres aussi, ceux qui débarquent à Cuba parce qu'ils ont des choses à faire oublier, aux Etats-Unis, en Europe. Comme si les alcools forts sous les tropiques pouvaient réellement favoriser l'amnésie. Quelques mercenaires comptent parmi eux, bien intégrés dans la société, sirotant des cocktails comme les autres dans les soirées du Club. Leur fiabilité en temps de crise sera peut-être limitée...

    Le pouvoir des rebelles menés par les frères Castro finit par grandir. Le jour où les plantations de canne à sucre sont incendiées, les hommes d'affaire américains enlevés, les avions de Batista commencent à survoler pesamment le ciel de Nicaro. La menace est partout. Alors on pressent l'exil, même si ce roman de Rachel Kushner ne l'évoque jamais explicitement.

    Télex de Cuba, Rachel Kushner (USA). Points. 477 pages. 8 €.

    Ce roman fait partie de la sélection du Prix du meilleur roman des éditions Points.

     

    Catégories : Littérature Américaine 0 commentaire
  • Une année de blog, en chiffres et en lettres...

    anniversaire,blog,fais-moi les poches !Par définition, dans la majorité des cas, un blog, c'est un outil qui a de l'importance essentiellement pour son auteur. Des habitués, quelques fidèles lecteurs. Beaucoup d'inconnus, échoués là par les hasards de la toile. Et qui reviennent parfois.

    Certes, mais ce n'est pas que ça. Voilà une année que le blog "Fais-moi les poches !" a vu le jour. Retour sur cette courte histoire. Allez, quelques chiffres pour une fois.

    49 romans chroniqués.

    17 entretiens avec des des auteurs. Philippe Jaenada et Martin Page furent les premiers à me dire oui. Ils ouvrirent la voie à Emilie Frèche, Valérie Tong Cuong, Philippe Besson, Cécile Coulon, Jean-Philippe Blondel, Laurent Sagalovitsch, Gaëlle Josse, Paul Vacca, Caryl Férey, Harold Cobert, Titiou Lecoq, Carole Zalberg, Valentine Goby, Léonor de Récondo... et à nouveau Cécile CoulonEt à chaque fois l'étonnement et la joie de rencontrer des personnes très occupées et tout autant disponibles, des auteurs qui rencontrent le succès, ont les honneurs de la presse, et prennent le temps de répondre aux questions d'une blogueuse inconnue.

    1 entorse à la règle avec un roman chroniqué alors qu'il n'est pas encore sorti en poche.

    La surprise de repérer des connexions depuis le Japon, la Serbie, Madagascar, le Pérou, le Costa Rica, la Namibie, le Vietnam, l'Ukraine...

    Des mots-clés étranges dans les moteurs de recherche pour arriver jusqu'à mon petit blog : "accro à begaudeau", "bipolaire quimper", "c'est qui jean-philippe romancier", "comment devenir grand lorsque l'on est petit", "empathie compulsive", un peu pathétiques : "j'envie de voir obama sa femme et ses enfants", "les femmes larguées à 60 ans", ou ingénieux : "protège tongs", carrément inquiétants : "savoir si un esprit me protège" ou simplement farfelus : "sex fais moi 11".

    Des tas et des tas de gens qui ouvrent google pour connaître la fin des romans... (Et qui, en tombant sur Fais-moi les poches perdent leur temps...)

    Et enfin des rencontres, virtuelles et bien réelles. Des affinités, des débats. Il y eut aussi, si on se dit tout, quelques noms d'oiseaux. Mais bien davantage d'échanges sympathiques sur les réseaux sociaux.

    La découverte du petit monde des blogs et des blogueurs divers et toujours passionnés. Et puis des contacts avec des libraires investis et passionnants.

    Alors, je me dis que je re-signerais bien pour un an...

    Catégories : Blog 1 commentaire