"Je suis née ici. Je n'ai pas connu d'autre endroit, je n'ai jamais été nulle part ailleurs. Mon père a été l'un des premiers squatters. A l'époque, il était jeune, enragé. Ici on agit vite, on enfante vite, on grandit vite et on meurt vite." C'est l'Italie des années de plomb. Une vie de quartier, avec pour uniques perspectives ses frontières. Le premier qui squatte un logement change la serrure, et occupe ensuite les lieux autant que possible pour ne pas être délogé. La jeune Bea passe tout son temps avec son voisin, Alfredo, que sa famille recueille à chaque fois que son père ivre le frappe avec un vrai désir de meurtre. Il trouve refuge dans cette maison où tout est plus apaisé, même si on se serre, même si on travaille dur.
Et puis les enfants grandissent. Alfredo maigrit, au rythme de ses veines qui durcissent sous les coups des seringues. Bea observe, impuissante mais pas inactive. La relation fraternelle a fait place à autre chose, tandis que la poussière continue à inonder le béton du quartier. Et puis, bien sûr, un jour, la ligne d'équilibre se brise.
Valentina d'Urbano nous fait entrer dans les appartements, dans l'ambiance d'une époque, le désarroi d'une situation. Dans les désirs contradictoires de Bea aussi, tirraillée entre le besoin de partir et les éléments qui la raccrochent au lieu.
Le bruit de tes pas, Valentina d'Urbano (Italie). Points. 312 pages.
7, 20 €
La toxicomanie en question, c'est aussi dans le roman de l'américaine Roxana Robinson, Jours toxiques.