Dans les marais salants de Guérande, le travail du paludier s'inscrit dans la carte postale chérie par le touriste. L'homme exerçant une tâche ancestrale hautement délicate et exigeante, dans un décor parfaitement singulier, obéissant à des règles strictes et ingénieuses héritées de la nuit des temps. A la clé, la récolte d'un bien demeuré précieux malgré les changements d'ères.
C'est le cadre de travail de Jean, trentenaire un peu sauvage qui a trouvé dans ce labeur la satisfaction quotidienne de produire, en collaboration étroite avec le vent et le soleil, le précieux sel connu de tous. Le décalage entre la renommée de sa production et la rémunération qu'elle lui procure est immense, mais ce contemplatif a des besoins spartiates qui s'accommodent sans rechigner de cet aléa. Ne comptent pour lui que son gros sel, et sa fine fleur estivale.
Alors quand il rencontre Michel pour la première fois, ça ne va pas bien se passer. Mais alors pas du tout. Michel, c'est un flambeur en villégiature à La Baule, tombé par erreur dans cette arrière-cour des plages de sables fins et des palaces, que sont pour lui les marais salants. Tombé au sens propre. Sur un tas de sel de Jean. Ivre et en pleine nuit, il a souillé la production si chèrement acquise. Sa Porsche, garée de guingois entre deux oeillets, symbolise à elle seule le fossé entre les valeurs des deux hommes. Malgré ces différences, Michel va devoir accepter le pacte que Jean lui propose, en compensation de son incivilité. Un pacte de sel qui laisse présager de nombreuses déconvenues et des situations détonantes.
Les lecteurs déjà conquis par En attendant Bojangles retrouveront la fantaisie d'Olivier Bourdeaut dans Pactum Salis. Pour tous les autres, c'est une occasion de découvrir ce auteur dans un récit à l'avant-goût d'été.
Pactum Salis, Olivier Bourdeaut (France). Folio