Nsaku Ne Vunda est né à la fin du 16ème siècle dans le royaume du Kongo. Ordonné prêtre, il va recevoir mission par son roi d'aller rencontrer le pape, à Rome, pour lui faire part de l'abjection du trafic d'humains en Afrique. Voyage ambitieux dans une époque pleine de dangers, sur des océans qui convoient par navires entiers de la marchandise humaine. Le héros va en effet voyager sur un navire négrier, et découvrir le triangle de la mort de la traite esclavagiste. Du Kongo à l'Amérique, celui qui est rebaptisé Dom Antonio depuis son baptême chrétien, assiste à des scènes d'une cruauté insupportable envers ses frères capturés sur leurs terres pour être vendus dans les plantations. Une traversée immonde, dans lequel aucune vie n'est sacrée, aucune mort n'est pleurée, si ce n'est pour le manque-à-gagner qu'elle représente pour l'armateur. En Espagne, Dom Antonio se voit confronté aux sidérantes torture de l'Inquisition catholique, une pratique religieuse à l'opposé de sa foi, qui va obliger cet homme, prêtre à la peau noire, à se cacher de la folie humaine. En arrivant à Rome, épuisé et désabusé, il aura peut-être l'occasion de rencontrer le pape.
On pense au Candide de Voltaire en lisant ce roman de Wilfried N'Sondé, au verbe simple et au propos déchirant, basé sur un personnage historique avéré (On peut encore aujourd'hui voir la statue de Nsaku Ne Vunda à Rome). Un regard posé sur une époque où le concours des abominations semble sans borne, mais encore plus sur la capacité de l'homme à ignorer l'humanité de ses semblables.
Un océan, deux mers, trois continents, Wilfried N'Sondé (France).
Actes Sud. 268 pages. 20 €