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Livre - Page 7

  • Chouquette, Emilie Frèche

    41Ke3RTP2aL._SL500_.jpgLa saison des mères et grands-mères indignes continue, après Rien ne s'oppose à la nuit, de Delphine de Vigan, La tour d'arsenic, d'Anne B. Radge, voici Chouquette. Indigne certes, elle aussi, dans son rôle de mère et de grand-mère, mais assumée... Enfin, c'est ce que voudrait montrer Catherine, la grand-mère en question, pour qui les apparences font force de loi. Quitte à se mentir à soi-même sur bien des sujets et par de multiples artifices, mêlant le déni et le lifting. 

    Aigre et vacharde, Catherine n'épargne rien à personne : sa fille, ses domestiques, ses amis, son petit-fils, sa fausse-vraie meilleure amie. Personne ne trouve grâce à ses yeux, à part Jean-Pierre, son mari... Sauf qu'il l'a quittée depuis des mois et qu'elle est la seule à sembler ne pas le savoir.

    Reste que Catherine n'est pas la seule à en prendre pour son matricule. Egoïste jusqu'à la nausée, superficielle jusqu'à... Saint-Tropez, serait-elle pour autant plus condamnable que sa fille, pourtant philanthrope et altruiste ?

    Humour féroce et clairvoyance se partagent la vedette dans ce roman fin, surprenant et pas du tout "politiquement correct". Délicieux. A découvrir d'urgence !

     

    Chouquette, Emilie Frèche (France). J'ai Lu. 157 pages. 6 €.

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  • Entretien avec un vampire : Philippe Jaenada

    JAENADA-BIS©RobertoFrankenberg.jpg

    Nous continuons notre voyage en Transylvanie en compagnie de Philippe Jaenada. Il nous dit tout sur l'écriture de "Bogdana", sa nouvelle vampirique de Bienvenue en Transylvanie. Tout, et un peu plus...

    Fais-moi les poches : - Pour établir ce recueil, avez-vous travaillé en concertation avec les autres auteurs ou avez-vous découvert les nouvelles des autres après l'écriture ?

    Philippe Jaenada : -Non, j'ai fait ça tout seul dans mon coin. Je connais plusieurs des auteurs qui ont participé au recueil, mais je ne les ai pas contactés au moment de l'écriture, je ne sais pas du tout ce qu'ils ont fait (j'ai un peu honte, je n'ai toujours pas lu).

    FMLP : - Vous poussez le souci du réalisme jusqu'à « inviter » un vampire dans votre propre famille... Ça ne les dérange pas ?

    P.J : - Ça ne risque pas de trop les déranger, car tout est vrai. Presque. Mon oncle (par alliance) roumain ressemble en tout point à celui de la nouvelle. Quand les choses sont vraies, on peut les écrire, non ?

    FMLP : -La scène où la jeune fille terrifiée surgit dans la forêt est digne d'un film comme « Projet Blair Witch » en terme d'épouvante. Qu'est-ce qui vous a inspiré pour l'écrire ?

    P.J : - Ce qui m'a inspiré, c'est la réalité, bien sûr. Non, bon, d'accord, le "presque" de la réponse du dessus est un peu vrai là, pour être honnête. Je me suis inspiré d'une sorte de légende que j'ai trouvée dans un magazine d'héroïc fantasy (ou quelque chose comme ça, je ne sais pas exactement comment s'appellent ces trucs-là) que lit mon fils. Mais faut pas le dire.

    FMLP : - Etes vous sûr et certain de ne pas avoir reçu d'héritage vampirique de votre oncle ?

    P.J :- Pas sûr, non. Un auteur qui utilise ce qui l'entoure, les gens qu'il connaît, pour en nourrir ses histoires, c'est un genre de vampire, il me semble. D'ailleurs, approchez, n'ayez pas peur, montrez-moi votre cou.

    Philippe Jaenada est l'auteur de Le Chameau sauvage (Prix de Flore 1997, adapté au cinéma sous le titre "A + Pollux"), La grande à bouche molle, Nefertiti dans un champ de canne à sucre, Le cosmonaute, Les Brutes, Plage de Manaccora, 16 h 30, La femme et l'ours... disponibles chez J'ai lu ou Points.

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  • Echange avec Martin Page : être un humain défectueux ou un vampire assumé ?

    Martin Page (c) Patrice Normand (2).jpgA l'occasion de la sortie de Bienvenue en Transylvanie, Martin Page, un des auteurs des 9 nouvelles vampiriques du recueil, a accepté de répondre à "Fais-moi les poches !" sur Astrid, son personnage de vampire, et sur sa représentation de ce mythe. Encore faudrait-il qu'il s'agisse d'un mythe...
     
    FM LP - Avez-vous une explication à la renaissance actuelle du thème du vampire ?
    Martin Page - Les vampires n'arrêtent pas de renaître. Quand j'étais plus jeune, les livres d'Ann Rice étaient de grands succès. C'est une illusion d'optique de croire que les vampires réapparaissent aujourd'hui. A chaque époque, ils prennent de nouvelles formes. Il y a eu Je suis une légende, de Matheson, Les prédateurs, de Tony Scott, au cinéma. 
    C'est un thème qui ne meurt pas. Il fait partie de notre inconscient collectif.
     
    FMLP - Votre vampire est, à la "ville", un être mal dans sa peau, qui ne correspond pas aux "normes". Devenir vampire serait-il pour elle un moyen de se venger de la société ? Avez vous voulu donner une dimension sociale à votre vampire ? 
    M.P - Devenir un vampire, dans mon histoire, n'est pas un choix. C'est une conséquence. Une maladie. Mais une maladie qui est aussi une adaptation : elle permet de se sauver. Elle arrache mon héroïne à l'espèce humaine, une espèce au sein de laquelle elle était en souffrance. Sa transformation en vampire est un moyen de vivre suivant sa sensibilité, son étrangeté.
    Bien sûr, il y a une dimension de critique sociale à mon histoire. Cela m'intéresse de parler des violences invisibles des gens bien éduqués, de la norme, et de défendre ceux qui, parce que trop sensibles, sont inadaptés.
     
    FMLP - Ne manifestez-vous pas dans votre texte plus de sympathie pour les vampires que pour les êtres humains ? Astrid n'a-t-elle pas des excuses que les gens "normaux" n'ont pas ?
    M.P - Je ne sais pas si Astrid a des excuses. Je ne crois pas. Il reste que oui je défends les vampires, incarnation pour moi de la différence et de l'extrême sensibilité. J'ai un point de vue particulier j'en conviens : la norme et l'humanité sont la réelle monstruosité. Les monstres sont les vraies créatures douces et humaines.
     
    FMLP - Hypnose, sophrologie, médecine générale, psychiatrie, Astrid cherche toutes les solutions possibles pour améliorer son mal-être, influencée par la lecture des magazines. Finalement, quitte à ne pas être dans la norme, elle va passer "de l'autre côté", en subissant l'influence d'un personnage clé.... Est-elle enrôlée ? Pouvait-elle faire autrement que devenir vampire ? Mettez-vous du symbole dans tout cela ?
    M.P - Elle n'est pas enrôlée. Elle est aidée et accompagnée. Non, elle n'avait pas le choix. A terme, c'était soit accepter sa nature de vampire, soit s'isoler davantage encore et s'enfoncer dans le malheur.
     
    FMLP - Etes-vous vous-même un peu "vampire" ? 
    M.P - Je ne peux pas répondre à cette question. Un serment m'en empêche.
     
    Martin Page est l'auteur, notamment de Comment je suis devenu stupide, J'ai lu ;  Peut-être une histoire d'amour, La mauvaise habitude d'être soi, Une parfaite journée parfaite, Points ; Viennent de sortir : L'apiculture selon Samuel Beckett, éditions de l'Olivier et Plus tard, je serai moi, Rouergue (littérature jeunesse).
    Photo : Editions de l'Olivier.

    Catégories : Livre, Rencontres 1 commentaire
  • Bienvenue en Transylvanie, Neuf histoires de vampires

    61wzZISYlsL._AA1500_.jpgVoilà une idée glaçante : inviter les vampires dans notre quotidien. C'est le pari qu'ont relevé les 9 auteurs de ce recueil (un bel objet soit dit en passant, entre le poche et le broché). Le réalisme du cadre de ces nouvelles nous fait frissonner : il y est question de service militaire, de phobie sociale, de sophrologie, de femmes battues, de punks, de guerre en ex-Yougoslavie. Et au milieu de ces mots qui reflètent notre époque surgissent des vampires avides de sang humain. Pas comme dans les films. Pas comme dans les histoires de notre enfance. Ici et maintenant. Terrifiant.

    Bienvenue en Transylvanie, de David Foenkinos, Régis de Sa Moreira, Martin Page, Thomas B. Reverdy, Jean-Michel Guenassia, Jakuta Alikavazovic, Philippe Jaenada, Joël Egloff, François Bégaudeau. Points.

    9 €

    Catégories : Livre 0 commentaire
  • Veuf, Jean-Louis Fournier

    41radEzu8pL._SL500_AA300_.jpgOn ne pourra pas reprocher à l'auteur d'avoir voulu donner à son ouvrage un titre aguicheur. Alors, avec ce mot bref et brutal en préambule, c'est sûr, on ouvre la première page avec la crainte que le pathos nous saute au visage. C'est pourtant tout sauf de l'apitoiement qui nous est livré ici. Car devenir veuf, nous dit Jean-Louis Fournier, c'est une somme de situations étranges auxquelles on n'avait évidemment pas pensé. Du désespoir, évidemment. Du cocasse, aussi, souvent. Et c'est de cette rencontre inattendue entre des sentiments contradictoires, que surgit la délicatesse de ce texte.

    Veuf, Jean-Louis Fournier (France). Le livre de poche. 144 pages.

    5, 90 €

    Catégories : Livre 0 commentaire
  • Rien ne s'oppose à la nuit, Delphine de Vigan

    419yRqhSsYL._SL500_AA300_.jpgQue se cache-t-il derrière ces quelques mots lancés en l'air un beau jour par Alain Bashung ? Le destin étrange d'une femme, la mère de la narratrice, et à travers elle les sinuosités de toute une famille.

    Delphine de Vigan aime faire passer le lecteur de l'autre côté du miroir, ce côté obscur où se disent les choses qui d'habitude sont tues. Dans les familles, il en va ainsi de la folie, des morts honteuses, des gestes déplacés. Et puis, dans ses lignes, ceux qui parlent fort ne sont pas toujours ceux qui en disent le plus.

    Une lecture dérangeante et fascinante.

    Rien ne s'oppose à la nuit, Delphine de Vigan (France).

    Le Livre de Poche. 7, 60 €

    Si vous avez aimé ce roman, vous apprécierez peut-être La tour d'arsenic, de Anne B. Radge, ou Les oreilles de Buster de Maria Ernestam.

    Catégories : Livre 2 commentaires
  • Plage de Manaccora, 16 h 30, Philippe Jaenada

    41TbbedUm4L._SL500_AA300_.jpgDepuis Le chameau sauvage, Philippe Jaenada est resté fidèle à son style : l'ascenseur émotionnel. Une chose est sûre, on pleure beaucoup en le lisant, à parts égales entre le fou rire et la tragédie. Il faudra rajouter dans cet ouvrage le rire nerveux. La tension dramatique est en effet ici à son comble.

    Il s'agit ici d'une course contre la montre, contre la mort, contre les flammes qui dévorent ce coin d'Italie dédié au farniente et à la villégiature. Le narrateur est en famille, une femme difficile à suivre dans ses manies quotidiennes, un jeune fils adorable. La situation va rebattre les cartes, car rester vivant dans ces conditions infernales ne peut que remettre en cause.

    Un récit haletant du début à la fin.

    Plage de Manaccora, 16 h 30, Philippe Jaenada (France).

    Points. 220 pages. 6, 50 €

    Catégories : Livre 3 commentaires