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Littérature Scandinave - Page 2

  • Les vaches de Staline, Sofi Oksanen

    51KgwkbHdEL._.jpgVu d'Europe de l'ouest, un jour le mur de Berlin est tombé, et avec lui le rideau de fer et toute une époque. La narratrice de ce roman - comme Sofi Oksanen du reste- est Finlandaise, de mère Estonienne. Les Estoniens du début du 20 ème siècle ont dû devenir des soviétiques. Sans être des Russes, avec lesquels ils ne partagent pas grand chose. Vu de Finlande, le pays riche et puissant de l'autre coté du golfe, les Estoniennes sont les femmes qui cherchent à se marier avec un homme de l'ouest, ou simplement à faire une passe pour une paire de collants ou des tampons hygiéniques. Le rapport de force est injuste forcément. La perception de l'autre, de l'étranger pourtant si proche, est déformée, faussée.

    Oppressés entre les sirènes de l'ouest et la pesanteur soviétique, déportés en Sibérie où l'horreur est partout, les Estoniens se noient, semblent disparaître.

    Anna, née dans les années 80, la narratrice, vit avec ces deux cultures, Finlandaise et Estonienne. Mais partant, également avec la honte, des deux côtés. Il lui est impossible de révéler ses origines d'Eesti en Finlande, tant les clichés ont la peau dure, et tant le KGB a des oreilles partout, ici aussi, incarné par des petits soldats à la solde de ce pouvoir qui tient en étau, de l'autre côté de l'eau, leurs familles restées au pays. En Estonie, compliqué d'avouer qu'elle ne vit pas dans un conte de fées en Finlande quand les apparences montrent le contraire.

    Les chapitres se succèdent, alternant entre l'histoire de la famille d'Anna depuis l'arrivée des Soviétiques et le calvaire moderne de la jeune fille : l'incapacité à se nourrir normalement. Car ce que mange Anna, elle le vomit aussitôt. Et elle mange, beaucoup. Passant maître incontestée dans l'art de la dissimulation, du silence, de la disparition. Vomissant une Histoire qu'elle ne parvient pas à digérer.

    Ce roman incarne majestueusement un pan énorme du destin Estonien, et plus largement la souffrance de ceux qui ont dû quitter leur terre, et qui ne parviennent pas à reconstituer le puzzle. Un roman pur et très puissant.

     Les vaches de Staline, Sofi Oksanen (Finlande). Le livre de poche. 552 p.

    7, 90 €

     

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  • La tour d'arsenic, Anne B. Radge

    514FVHQ4B2L._SL500_AA300_.jpgPrenez une vieille femme qui vient de mourir. Imaginez maintenant ses enfants, hilares et soulagés, s'empressant de préparer un feu de joie avec les biens de la défunte. Combien aura-t-il fallu d'incompréhensions et de rancoeurs mal digérées pour en arriver là ? C'est ce que va essayer de comprendre la petite fille, elle-même devenue mère. Il lui faudra disséquer l'histoire familiale pour obtenir des amorces d'explications, mais comme un oignon dont on enlève sans relâche couche après couche, une découverte peut en cacher une autre, toujours. On remontera ici jusqu'au prémices du XXème siècle, car il faut sans aucun doute plusieurs générations pour porter un fardeau.

    Anne B. Radge raconte bien les histoires : elle campe un décor, et puis, tout à coup, on se rend compte que c'est le décor qui est devenu l'histoire. Et c'est plutôt plaisant de se faire abuser de la sorte.

    La tour d'arsenic, Anne B. Radge (Norvège). 10 /18. 499 pages.

    9, 10 €.

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  • Zona frigida, Anne B. Radge

    41vFHnrkcAL._SL500_AA300_.jpgLa Norvège, aujourd'hui. Bea a 35 ans, un job branché en ville, un caractère trempé et quelques casseroles. Contre toute attente, elle s'inscrit pour une croisière dans le grand nord, le Spitzberg. S'agit-il d'un break ou d'une quête initiatique ? Peut être ni l'un ni l'autre.

    Mais en compagnie des ours polaires et d'une petite armada de touristes un peu grégaires, les plans ne se déroulent pas toujours sans accroc. C'est ce que va comprendre Bea, mais il en faudra sûrement davantage pour la décourager.

    Zona frigida, Anne B. Radge (Norvège). 10/18. 356 pages. 8, 40 €.

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  • Rosa Candida, Audur Ava Olafsdottir


    Bon alors, disons le carrément, un roman islandais, ce n'est pas tous les jours ! Il faudra, en préalable, faire l'impasse sur la prononciation correcte des noms (le personnage principal se prénomme Arnljotur...), puis accepter d'être totalement désorienté. Ici, pas de références précises à des noms de lieux. Il faudra deviner, au risque, peut être, de faire fausse route.

    C'est la route justement, qui est nécessaire au jeune Arnljotur. Il quitte son île, toute de lave et de froidure, un peu pour mener à bien un projet, beaucoup pour fuir un passé récent où cohabitent la mort accidentelle de sa mère et une paternité précoce et imprévue.

    Route vers le sud, donc, (comment partir au nord ?), avec en point de mire la botanique, cette roseraie monacale où l'on a besoin de ses talents. Il y parviendra à l'issue d'un road-movie semé d'embûches et de rencontres. Mais se retrouver en soi-même ne se révèle pas aussi aisé qu'il y paraît...

    Rosa Candida, Audur Ava Olafsdottir (Islande). Points. 332 pages.

    7, 60 €

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  • Cent ans, Herbjorg Wassmo

    41Eb00Ceo4L._SL500_AA300_.jpgSara Susanne, Elida, Hjordis. Trois femmes plus une : la narratrice. Un pays : la Norvège, terre hostile et difficile, surtout au XIXème siècle. 

    La tâche est rude, le pain quotidien ne se gagne qu'au prix de sacrifices. Mais les liens sont là pourtant, fragiles et ténus, entre les personnages. Et puis il y a ces messages que la narratrice nous envoie. Il y est question de l'histoire de sa famille, mais surtout d'une honte, qui apparaît en filigrane. Un boulet qui traîne au fil des pages, nimbé d'une délicatesse inouïe.

    Cent ans, Herbjorg Wassmo (Norvège). 10/18. 600 pages. 9, 60 €

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