Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

  • La vie en sourdine, David Lodge

    vie en sourdine.jpgChaque âge a donc ses crises. Alors que j'évoquais récemment la crise de la trentaine, parlons aujourd'hui de son double : la crise de la soixantaine, objectivement plus compliquée. Car elle se révèle moins autocentrée, le ou la sexagénaire se retrouvant souvent au carrefour des générations : des enfants grands, certes, mais parfois pas hostiles à un petit coup de main, des petits enfants qu'il faut regarder grandir,  des parents âgés qu'il faut accompagner, un couple dans lequel il faut continuer d'entretenir la flamme.

    Pour Desmond, voilà, on y est. Il cumule plus ou moins toutes ces responsabilités. Heureusement pour lui, il est jeune retraité, mais il ajoute un niveau de difficulté dans son jeu par sa surdité. Un handicap qu'il doit compenser grâce à un appareillage efficace mais contraignant, remisant de toute manière toute velléité de conversation en groupe dans les voeux pieux. Il passe parfois pour un rustre, répond souvent à côté de la plaque, sourit poliment : sa vie est en sourdine. Marié à une femme plus jeune et friande de relations sociales, Desmond fait de son mieux, mais la solitude, ah la solitude, que ça lui fait du bien !

    En prise avec une étudiante américaine qui veut lui faire reprendre du service comme directeur de thèse, notre linguiste retraité doit aussi trouver des solutions pour son père vieillissant. Les événements se bousculent, et au milieu, une parenthèse étrange survient lors d'un voyage en Pologne.

    Humour, auto-dérision et gravité à parts égales dans ce roman de David Lodge, où petits défauts humains et grandes questions existentielles se côtoient sans complexe.

    La vie en sourdine, David Lodge (Grande-Bretagne)

    Rivages. 461 pages. 9, 50 €

    Catégories : Littérature Britannique 0 commentaire
  • La nuit des trente, Eric Metzger

    nuit des trente.jpgL'air de rien, c'est peut-être bien un des paliers les plus délicats à négocier : 30 ans. La fin d'une époque, le début d'une autre. Et l'impression, au passage, de perdre plus que de gagner. C'est ce que vit Félix, en cette nuit où il a décidé de ne pas fêter son anniversaire, en tous cas de ne pas en avertir quiconque autour de lui. Une sortie entre collègues fera bien l'affaire, ce n'était pas vraiment prévu mais allons donc. De bar en bar, dans un Paris de plus en plus éthylique, Félix hésite entre l'avenir et le passé, toute la soirée. Il enfourche son scooter dans l'espoir de trouver un truc qu'il cherche mais sans l'identifier, ou d'échapper à un souvenir qui reste, qui colle, qui englue. Il drague, il fanfaronne, séduit, disparaît, calcule, boit, élabore des stratégies, court, abandonne son véhicule, hésite, répond, la rejoint.

    Un condensé nocturne d'expériences humaines : voilà ce que vit Félix en cette nuit de tourbillon, pétrifié sans doute, par la peur de ressentir moins en vieillissant.

    Une lecture en un souffle, dans un road-movie parisien aussi vivant qu'étonnant, qui incarne les incontournables crises personnelles, les introspections douloureuses et angoissantes, qu'elles soient de la trentaine ou non.

    La nuit des trente, Eric Metzger. Folio. 120 pages. 5, 40 €

    Catégories : Littérature Française 0 commentaire
  • Des poings dans le ventre, Benjamin Desmares

     

    Poings dans le ventre.jpg

    Il erre dans les rues, en mode guetteur. A l'affût de la moindre castagne, il se drogue à l'envie de frapper, de faire peur. Toujours sur le qui-vive, que ce soit pour trouver ses victimes ou pour échapper à la vigilance de sa mère, s'échapper de l'appartement quand elle l'attend dans la cuisine avec l'espoir toujours vain de communiquer. Sur la volonté, la maîtrise de la situation, en toutes circonstances. Pour lui, frapper, c'est vivre. Tenir debout. Etre le plus fort. Dominer de toutes ses forces l'envie d'être aimé à un âge, l'adolescence, où cette aspiration dépasse souvent toutes les autres.

    On est dans sa peau, à ce narrateur. Surtout qu'il nous embarque, s'adresse à nous en se parlant à lui. Evite le « je », comme pour esquiver toute possibilité d'introspection, d'explication de la violence gratuite. Peut-être aussi pour observer, de loin, le personnage terrible qu'il incarne.

    Roman noir en mouvement perpétuel à travers les rues d'une adolescence tourmentée, Des poings dans le ventre, de Benjamin Desmares, s'inscrit aussi dans la lignée du roman initiatique, dans lesquels les rencontres ne sont pas plus fortuites que sans conséquence. Une lecture rapide, qui coupe le souffle, comme le ferait un poing dans le ventre.

    Des poings dans le ventre, Benjamin Desmares.

    Edition du Rouergue. 78 pages. 8, 70 €

    A découvrir aussi, du même auteur : Cornichon Jim, Une histoire de sable.

     

    Catégories : Littérature Française, Littérature jeunesse, Roman noir 0 commentaire