La phrase de dédicace de ce roman a le mérite d'être claire "A mon père, qui, lui, fut un homme admirable". Philippe Besson annonce, en creux, la couleur quant au père de son roman : lâche, fourbe, manipulateur, traître... Le lecteur pourra lui attribuer bien des défauts. Et ce avant même d'avoir débuté le premier chapitre. Et ne sera pas déçu.
Dès le début, aussi, le drame est annoncé, prévu. La narration, effectuée par le fils adolescent, est posée en témoin a-posteriori d'un drame inévitable. Reste à savoir comment, pourquoi, quand il va se produire et de quelle nature il sera. La tension est progressive, minutieuse, et le lecteur se ressent dès les premières lignes comme un confident privilégié. Cette tension dramatique s'oppose au cadre idyllique de vacances estivales, entre plage de l'Atlantique et parties de tennis.
Le fils épie son père l'air de rien et attend le faux pas de trop. Ce prédateur séducteur lorgne sur la voisine, une jeune femme mariée à un homme sympathique. Il s'en accapare au cours des diners sur la terrasse, à la lueur vacillante des bougies. Va s'assurer de sa complète disponibilité, la vampiriser. Parce qu'il a l'habitude que rien ne lui résiste. Jamais.
Philippe Besson nous a habitués à désamorcer d'emblée les suspenses finaux (Une bonne raison de se tuer) pour se concentrer sur les processus. Il y parvient avec brio cette fois encore, en resserant cette fois l'étau autour du lecteur.
La maison atlantique, Philippe Besson (France). 10/18. 176 pages.
7, 10 €
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