S'allonger sur un nuage, saisir le vent, parler à un courant d'air, conserver contre soi une boule de neige en souvenir, attraper une part de ciel... Autant d'idées poétiques, de promesses de bien-être difficiles à atteindre. Pourtant, tous les personnages de ce roman ont un projet de ce genre : retrouver un père en perpétuel voyage, saisir un mari fugitif, ouvrir une piste de randonnée sur les traces des éléphants d'Hannibal, réaliser des séries de photographies étranges, fabriquer des pinceaux en poils d'écureuil, faire taire les souvenirs enfouis sous la glace...
Ouvrir ce roman, c'est se préparer à attendre avec les personnages, bloqué en plein décembre dans un village de montagne. Pour Carole, qui revient pour quelques semaines auprès de son frère et de sa soeur, c'est le moment de poser les valises, de laisser les souvenirs et la culpabilité enfouis resurgir, de s'observer. Mais aussi de prendre le temps de la conversation avec un charmant vieillard, de prendre soin d'une soeur au caractère bien trempé, d'observer intriguée un amour de jeunesse.
Comme souvent chez Claudie Gallay (Les déferlantes, L'amour est une île, Seule Venise, Dans l'or du temps...), le lieu en lui-même est déjà un personnage, sans qui tout aurait une coloration différente. Comme souvent aussi, l'ambiance compte autant que les événements.
Une part de ciel à déposer, avec douceur et poésie, entre toutes les mains.
Une part de ciel, Claudie Gallay (France). Babel. 480 pages. 9, 90 €
Ambiance de retrait du monde et de séjour à la montagne : lisez le très beau roman Quand la nuit, de Cristina Comencini