Je voulais le lire depuis des mois. Il était là, il m'attendait, bien en haut de la pile. J'avais adoré Banquises, aimé en apprendre plus sur les méthodes de travail de Valentine Goby, basées sur l'immersion, l'investissement total. Et puis Kinderzimmer, tout le monde en parlait. Mais plonger le temps d'une lecture dans l'enfer de Ravensbrück, ce n'est pas une mince affaire. J'ai donc tourné autour de longs mois avant d'oser lire les premières lignes.
Sans aucune surprise, Kinderzimmer est donc un livre très éprouvant, excessivement douloureux. Certes. Mais primordial.
Valentine Goby nous fait suivre la trace de Mila, prisonnière de l'enfer concentrationnaire. On s'attache ici aux détails, à l'organisation de la survie au quotidien, à l'accoutumance à l'horreur. Mila est une ombre parmi les autres, un vague souvenir de la jeune Française qu'elle était en arrivant. Sauf qu'elle, elle est enceinte. Le hiatus entre la persévérance entêtée de la vie en elle et de la mort tout autour est insoluble. Que fera-t-elle d'un bébé, si elle mène sa grossesse à terme, à l'ombre des fours crématoires ? Que se passe-t-il dans ces chambres d'enfants, ces Kinderzimmer, où, très bizarrement des fantômes donnent la vie ?
Kinderzimmer est né d'un témoignage, celui de Suzanne Langlois. D'une histoire vraie donc. Dans laquelle Valentine Goby réinjecte les sentiments, les impressions, les réflexes avec une acuité incroyable. Un très, très grand texte.
Kinderzimmer, Valentine Goby (France). 230 pages. 7, 80 €
Kinderzimmer a été lauréat du Prix des libraires 2014.
Commentaires
J'ai lu "Banquises", et j'ai été très déçue par ce livre !! Tout simplement car j'avais lu précédemment "La note sensible", qui est totalement différent et qui fait partie de mes romans préférés.
Maintenant, je suis vraiment hésitante pour Kinderzimmer. L'atmosphère est-il aussi lourd et réaliste que dans "Banquises" ?
(merci pour tes jolis billets de lecture, tu m'inspires très souvent ! ;) )
L'atmosphère de Kinderzimmer est indéniablement lourd : la vie à Ravensbrück ne laisse aucun espace à la légèreté. Réaliste aussi, sans aucun doute. Mais il a une réelle force de témoignage, et le talent de Valentine Goby à nous permettre d'imaginer les faits et gestes est incroyable. Je conseille cependant de le lire d'une traite, quand on a du temps devant soi, car si on le lit avant de dormir, inutile de dire que ça n'apaise pas. Merci pour ton commentaire Nina ! Je suis curieuse de ton retour d'expérience. A très bientôt !