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religion

  • Comment les fourmis m'ont sauvé la vie, Lucia Nevaï

    usa, enfance, résilience, adoption, religionDéterminisme social contre résilience, le combat est rude dans ce roman d'enfance. Nés dans une famille bringuebalante autant que la cabane qui l'abrite, au Etats-Unis, Crane et ses frères et soeurs ont pour unique distraction le passage quotidien du train, dont les rails tremblent des dizaines de minutes auparavant pour qui sait tendre l'oreille. La jeune Crane a en outre la malchance d'être née avec une difformité au visage et des yeux défaillants, qui la font passer pour une idiote aveugle qu'elle est loin d'être. Et des malchances elle en a d'autres, voyez un peu : une mère prostituée à ses heures, une deuxième mère folle de Dieu dans la même maison, un père évangéliste, des jeunes voisins sadiques, une soeur aînée alcoolique bien qu'encore enfant, un cadavre au plafond. Oui, ça fait beaucoup.

    Alors le jour où les services sociaux mettent le nez dans tout ça, la famille est éclatée, Crane confiée à des religieuses qui vont lui permettre l'accès à l'éducation et à une adoption miraculeuse. Crane rencontre alors Ollie, une femme infertile et infirme qui va tout donner pour elle, affection, protection et éducation. La question sera bien sûr de savoir s'il est possible d'échapper aux voies qu'on nous a promises.

    Le récit emprunte la voix d'une enfant décalée et maline, avec fantaisie, audace et humour. Un excellent moment.

    Comment les fourmis m'ont sauvé la vie, Lucia Nevaï (USA).

    Editions Philippe Rey, Collection Fugues. 236 pages. 9 €

    Catégories : Littérature Américaine 0 commentaire
  • Les chutes, Joyce Carol Oates

    v_book_239 (1).jpgUn lieu peut-il influencer des histoires personnelles, générer une fatalité ? Les chutes de Joyce Carol Oates sont celles du Niagara. Haut-lieu touristique, avec son pendant moins reluisant : la rivière tumultueuse est aussi la capitale des suicidés. Et c'est ainsi que commence le roman, dans les brumes des chutes comme dans celle d'un événement étrange et intriguant : un jeune homme se jette dans les rapides pendant sa nuit de noces. Ariah, veuve précoce, va devoir survivre au suicide de son mari, sans qu'aucune explication ne vienne l'apaiser.

    Les Chutes est une saga familiale, dont le pivot central est incontestablement Ariah, mais qui donne l'impression d'une valse pendant laquelle on change incessamment de partenaire. On tourne avec un personnage, on sait ce qu'il sait, on arpente son esprit, par fragments. Puis on passe au suivant. La conversation précédente s'interrompt et on relance la danse.

    Les Chutes est aussi le roman d'une époque et d'une culture. Les Etats-Unis des années 60 ne rechignent pas à combler des canaux souterrains avec des déchets radioactifs, puis à construire des écoles et des quartiers ouvriers dessus. A nier les conséquences. A faire taire ceux qui voudraient parler trop fort de ces enfants leucémiques, de ces boues fétides qui remontent dans les jardins.

    Les Chutes est enfin un roman psychologique fin, subtil et réaliste qui capte à travers plusieurs générations les conséquences et les questionnements sur le silence, le mensonge, la filiation et le poids du regard de l'autre.

    Les Chutes, Joyce Carol Oates (USA). Editions Philippe Rey, collection Fugues.

    672 pages. 12, 90 €

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