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L'invention de nos vies, Karine Tuil

mensonges, avocat, usa, terrorisme, coupleDe l'opportunisme à la mystification, il n'y aurait qu'un pas ? Sans doute, à en croire l'expérience de Samir, personnage tragique de ce roman. Il a suffi qu'un jour, au moment où sa carrière d'avocat pouvait décoller ou stagner à tout jamais, un malentendu naisse autour de son identité, de ses origines. Il a suffi qu'il se taise. Non pas qu'il mente, mais qu'il laisse dire. Et puis un jour, il a été trop tard pour faire machine arrière. Toute sa vie avait pris sens autour de ce mensonge originel, dans le confort et le succès d'une vie New-Yorkaise inespérée. Il était devenu Sam. De musulman, il était devenu juif, en empruntant des pans entiers de l'histoire véritable de Samuel, son ami d'enfance. Pour ce dernier, aux proies aux tourments de l'auto-dénigrement et de la spirale de l'échec, qui découvre de Paris l'ascencion fulgurante et les mensonges éhontés de Samir, bien des comptes sont à régler. Au centre desquels règne la splendide Nina, objet d'amour, de convoitise et de domination pour les deux hommes.

Et le basculement survient. Le moment où toutes les cartes sont redistribuées, où le passé s'amuse, où toute tentative de contrôle est vaine. Al Qaïda, Guantanamo, succès littéraire font alors leur apparition comme des invités de dernière minute, incongrus et perturbants.

Karine Tuil a su cacher plusieurs romans dans L'invention de nos vies. Celui du mensonge, de l'identité, de la honte d'abord. Puis celui du suspense, de la machinerie judiciaire, de la désolation, de l'enfermement dans ses propres pièges. Avec toujours une neutralité de jugement à l'égard des personnages. 

Un excellent moment de lecture.

L'invention de nos vies, Karine Tuil (France). Le Livre de Poche.

504 pages. 7, 90 €

Catégories : Littérature Française 0 commentaire

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